Dans l'édition dominicale de Ouest-France (datée du 25 novembre 2007), le journaliste François Simon se fait poète. Dans un bref billet, intégré à un dossier sur le retour en terre d'enfance, il évoque cette récente envie - souvent évoquée en généalogie - d'enraciner une vie :
Les racines sont des appendices qui ont poussé chez les gens dans les années cinquante du siècle d'avant. Avant, il n'y avait pas de racines douloureuses. Les gens n'étaient que racines. Ils étaient là, immobiles comme des nénuphars sur l'étang de la vie qui dormait comme un docile lac suisse. Ils mourraient, pour la plupart, là où ils naissaient. L'inconnu était inconnu. Les racines ne vous titillent que si on tire dessus.
Audrey Guiller, qui a coordonné ce dossier, donne la parole à trois femmes qui expliquent ce qui les a motivées à revenir dans leur région natale. Sans oublier de souligner les quelques désenchantements. A l'exemple d'Anne-Cécile, 30 ans, qui est revenue dans le Morbihan pour fonder une famille et pour que ses "enfants connaissent les bohneurs que j'avais vécus dans mon enfance, comme le jardin, la verdure ou le repas dominical en famille". Elle avoue que le retour n'a pas été facile : "D'une vie à 100 à l'heure, je me suis retrouvée seule en pleine campagne. Je retournais tous les week-ends à Paris. Mais, maintenant, auprès de ma famille, je me sens à l'aise."
En complément, France Guérin, directrice de recherches à l'Institut national d'études démographiques (Ined), analyse en quelques lignes cet attachement aux racines nationales :
Pour certains, appartenir à un lieu, un territoire, permet de dire qui ils sont. C'est un fondement de leur identité, un symbole de leurs origines et de leur histoire familiale. Mais le sentiment d'appartenance à un lieu ne se forge pas forcément par rapport au lieu de naissance. C'est très subjectif : un lieu d'ancrage, c'est comme une ancre. On peut la prendre et la poser ailleurs.
Pour d'autres personnes, enfin, ce n'est pas lieu en tant que tel qui est important, mais la qualité des relations qu'ils ont nouées en ce lieu avec leur famille ou des amis.
Quelques chiffres pour illustrer ce phénomène. Aujourd'hui, le "retour au pays" se fait davantage vers 30 ou 60 ans. 15 % des Français vivent à l'endroit où ils sont nés. Si on demande aux autres "d'où êtes-vous ?", 78 % citent leur région de naissance.
(c) Brocanteo
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