Des syndicats qui manifestent en faveur du patron, cela ne se voit pas tous les jours. Et c'est aux Archives nationales que cela se passe ! L'intersyndicale des Archives s'oppose en effet à la disparition de la Direction des Archives de France (DAF) au profit d'un service interministériel. Si la gravité du ton des manifestants ne l'empêchait, on aurait pu sourire de cette histoire.
Mais en ce matin du 26 mars, les visages étaient fermés devant le magnifique portail de l'hôtel de Soubise. Un mur de cartons (d'archives bien sûr) avait même été dressé symboliquement pour en barrer l'entrée. Et une cohorte de personnalités était présente, associant dans un mélange inhabituel des visages connus de la politique (Marie-Georges Buffet, secrétaire nationale du parti communiste), à d'anciens directeurs aux archives nationales (Jean-Pierre Babelon), des historiens (Benjamin Stora, Robert Fossier) et des anonymes dont des lecteurs et généalogistes des salles d'archives.
A l'origine de ce mouvement de grogne, la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP). L'un de ses volets prévoit en effet de supprimer le poste de Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France et de créer un vaste "Service interministériel des Archives de France" qui noyerait ses préogatives parmi le patrimoine, l'architecture, le livre, les musées et l'archéologie. L'intersyndicale CFDT-CFTC-CGT des Archives de France dénonce "un recul extrêmement grave" menaçant d'affaiblissement le secteur des archives "privé de l'autorité necessaire et suffisante" pour accomplir correctement ses missions. "En l'absence de direction des archives, qui saurait taper sur la table et obtenir par exemple le versement des archives des tribunaux fermés par la réforme de la carte judiciaire ?", s'interrogent les syndicats. Et les phrases du directeur de cabinet de la ministre de la Culture ne sont pas là pour les rassurer. Le directeur de ce nouveau service interministériel nommé en conseil des ministres ne sera pas moins qu'"un responsable de rang directorial", c'est à dire sans beaucoup de pouvoir face aux grandes directions de l'Etat pour qui connaît le jargon administratif. Mais ce qui inquiète peut être encore plus le monde syndical, c'est la réduction des effectifs qui accompagne cette réforme. Uniquement pour la DAF, on parle de 56 personnes pour remplacer les 110 agents actuels...
(Montage photo)
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