Des archives départementales saturées, un projet bloqué, des magasins inondés et maintenant une association qui tire la sonnette d'alarme. Mais que se passe t-il aux archives des Hautes-Pyrénées ? Reprenons les événements dans l'ordre. Les archives départementales sont situées à Tarbes dans un bâtiment construit tout exprès... en 1937. Depuis, les normes ont évolué et surtout, on manque de place ! Le constat date de 1986 : il faut construire un autre bâtiment. Au Conseil Général, une majorité s'est dégagée, tous bords politiques confondus, pour voter un budget de construction de nouveaux locaux.
Hélas, depuis quelques mois, un pré-contentieux oppose le Conseil Général au maître d'oeuvre, sur des questions de délais et de normes antisismiques obligatoires dans la région. "Tant que ce contentieux ne sera pas réglé, aucune construction ne pourra avoir lieu et nous n'avons aucune idée du temps nécessaire pour résorber cette situation", confirme le directeur des Archives départementales, François Giustiniani.
Un site Web à l'automne
La situation est donc bloquée et si elle n'empêche pas les AD de recevoir leurs lecteurs, elle retarde tous les projets, y compris celui de la numérisation. "Nous pouvons avancer sur des opérations restreintes, nous sommes en train de numériser les monographies communales de 1887, les registres de délibérations et les terriers communaux et nous allons les mettre progressivement en ligne sur notre site Internet à partir de cet automne", annonce le directeur. "Mais la numérisation de l'état civil est retardée, car nous n'avons même pas la place pour préparer les documents". Dans ce département, l'option de numériser les microfilms des Mormons a été abandonnée, non en raison de la qualité des films, mais de leur organisation qui est entièrement à reprendre, selon le directeur. L'état civil sera donc un jour en ligne, une fois numérisé directement depuis les originaux. Mais seulement après la construction du nouveau bâtiment...
Mais trêve de tergiversations, l'urgence est là. Le 8 octobre 2009, une mini tornade a frappé Tarbes et une pluie très violente s'est abattue sur la ville. Les eaux de ruissellement ont débordé et sont entrées dans les sous-sols du bâtiment des archives qui abrite... les magasins. Avec 3 cm d'eau, les pertes auraient pu être irrémédiables. Seule une collection du Moniteur (qui n'est pas unique) a été sévèrement touchée. Les autres cartons ont pu être remplacés et leur contenu séché.
Cet événement a sans doute été... la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. En janvier dernier, L'association pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Archivistique et Mémoriel des Hautes Pyrénées (ASPPAM) est née pour protester contre cette situation, mais aussi pour soutenir les archives départementales dans un esprit très positif. Elle veut être un centre d'idées et de compétences et de ressources, ce dont on ne doute pas, vu la qualité de ses adhérents : historiens, chercheurs, généalogistes et même un ancien directeur des AD 65 !
Image : Office du Tourisme de Tarbes.
MANIFESTE de l'A.S.P.P.A.M.
Nous historiens et chercheurs* des Hautes-Pyrénées, très préoccupés par la situation matérielle de l’un des centres patrimoniaux majeurs du département : les Archives départementales, avons décidé de créer la présente association. L’urgence est, en effet, manifeste :
La consultation des documents est devenue très problématique en raison de l’exiguïté des locaux et de l’absence d’espaces spécialisés
La collecte, le classement et la conservation s’opèrent dans des conditions précaires, comme l’ont dramatiquement confirmé les inondations de l’automne 2009
Le personnel travaille avec d’énormes difficultés
Le service éducatif ne parvient plus à se développer
Le dépôt d’Archives des Hautes-Pyrénées prend un retard considérable en matière d’utilisation des TIC et de mise en ligne des documents
Convaincus que les archives constituent le bien commun de tous, trésor inestimable sur notre passé le plus ancien comme le plus récent, nous tenons à affirmer notre souhait de voir, dans les meilleurs délais, aboutir un projet de construction, plusieurs fois remis en cause. Dès 1986, en effet, soit presque un quart de siècle, la saturation des dépôts a été signalée. Depuis 2002 un projet a été élaboré, validé en 2005 par l’Assemblée départementale, mais invalidé par le nouveau Bureau du Conseil Général en 2009 pour des raisons techniques. Actuellement, un contentieux avec le maître d’œuvre est en cours. Combien d’années faudra-t-il encore attendre pour avoir un centre d’archives décent, comparable à ceux de tous les départements voisins : Ariège, Aude, Pyrénées–Atlantiques (Bayonne), Lot, Gironde, Dordogne, Gers, Tarn… ?
Il est à souhaiter qu’une décision définitive et ferme soit prise dans les tout prochains mois, décision prévoyant non seulement la construction dans un lieu environnemental approprié, de bâtiments fonctionnels, mais que, simultanément, soit élaborée une véritable politique culturelle, qui, en l’état, peine à se concrétiser, et qui ferait des Archives des Hautes-Pyrénées, une Maison de l’Histoire, fer de lance de la formation des citoyens et de la vie culturelle départementale. Cette Maison de l’Histoire, outre le dépôt des documents, verrait notamment :
La création d’un réseau informatisé reliant les principaux dépôts d’archives des communes du département
La mise en ligne des documents majeurs et des inventaires des séries
La mise en place d’un site qui deviendrait un « portail » culturel majeur
La création de salles de réunion, de conférence et d’exposition
Autant de souhaits qui demandent à être précisés et affinés. Les membres de notre nouvelle association sont très désireux de partager leurs idées avec un maximum de Haut-Pyrénéens intéressés –élus, responsables d’associations et simples particuliers- et tout aussi désireux de participer à la concrétisation du projet par l’Assemblée départementale.
* Y compris les Généalogistes
Association pour la Sauvegarde et la Promotion du patrimoine archivistique et mémoriel des Hautes-Pyrénées (ASPPAM), 11 rue Miramont, 65 000 Tarbes.
Transmis par Bernard Herrou-Membre adhérent de l'A.S.P.P.A.M. Abonné à la R.F.G. et résidant en Ile-de-France
Rédigé par : Bernard HERROU | 17 mars 2010 à 11:56
Déprimant de constater que des tracasseries administratives ralentissent toujours des actions urgentes (que ce soit dans le domaine des archives ou ailleurs...).
Il faudrait parfois faire un pied de nez à la décentralisation et imposer l'intervention (ou la médiation) de l'État dès lors que des éléments patrimoniaux sont à l'abandon ou courent des risques graves.
Rédigé par : Raphaël | 17 mars 2010 à 00:09