En Alsace et en Moselle, la numérisation du Livre foncier devait être un progrès. Aujourd'hui, après le passage en mode numérique, les généalogistes successoraux dénoncent plutôt un recul. Il est en effet devenu très difficile de consulter les registres anciens de cet équivalent de la conservation des hypothèques, en vigueur dans les deux départements alsaciens (Haut-Rhin, Bas-Rhin) et en Moselle. "Avant la numérisation, la consultation du Livre Foncier se faisait en trois temps", explique Thierry Jolivalt, généalogiste successoral à Strasbourg.
- Le chercheur regardait dans le fichier d'accès, une sorte de répertoire alphabétique des noms, qui renvoyait à un numéro de feuillet.
- Ce feuillet dressait la liste de toutes les opérations foncières des personnes (mutations, hypothèques, etc.).
- Il fallait ensuite se reporter aux annexes, reliées à part, pour avoir accès aux détails de ces opérations. Détail qui a son importance, les trois documents étaient conservés au même endroit, soit au greffe du Livre Foncier, soit dans les locaux des tribunaux d'instance.
Seul problème, la numérisation n'a pas respecté cet ordre, si bien qu'aujourd'hui le moteur de recherche ne permet que deux modes d'interrogation : par parcelle et par nom. Il est impossible de rechercher par numéro de feuillet, cela a semblé inutile puisque les feuillets numérisés ont été transcrits et chaque patronyme indexé. "C'est bourré d'erreurs, et ce n'est pas étonnant, cela a été fait à Madagascar. On a demandé à des Malgaches de transcrire du Gothique Allemand du XXe siècle. J'ai moi même parfois du mal à le lire, malgré une bonne habitude. Résultat, on ne peut plus travailler aussi efficacement qu'avant, dénonce Thierry Jolivalt. Depuis la mise en service de ce nouveau système il y a un an, nous avons perdu une précieuse source de recherche". Quant à consulter les originaux, ce n'est pas possible en direct, puisque ceux-ci ont été stockés à Habsheim dans un lieu où il n'y a pas de salle de consultation. Tout juste peut on demander des copies des annexes (qui n'ont pas toutes été numérisées) en passant par deux intermédiaires. Délai minimum : 3 mois, coût 25 euros par requête...
La consultation du Livre Foncier (qui existe depuis le début du XXe siècle) est réservée à certains agents de l'Etat et aux professionnels autorisés (notaires, géomètres, généalogistes successoraux, etc.). Les particuliers n'y ont pas accès, sauf évidemment pour les mutations qui les concernent ou bien "à toute personne disposant d’un titre exécutoire ou autorisée par le juge ou le titulaire du droit inscrit".
je peux comprendre l'inquiétude de ce professionnel mais il se trompe à mon avis de cible, ce n'est pas la numérisation qui est mal faite mais son indexation
Rédigé par : Guillaume R. | 30 mai 2010 à 11:15