Les archives de l'Assemblée Nationale recèlent bien des trésors. Les députés viennent d'exhumer d'un coffre-fort des documents historiques du plus grand intérêt : les comptes rendus des quatre séances tenues en comité secret en 1870 et 1871. Il y a 140 ans, pendant que les Prussiens étaient au portes de Paris et que cette situation poussait les premiers feux de la Commune, l'Assemblée Nationale se réunissait en secret pour définir une conduite à suivre. Hier, le 5 avril 2011, les députés du XXIe siècle se sont prononcés par un vote en séance publique pour la levée de ce secret si bien gardé... Mais quel était-il ? Mais que pouvaient donc se dire les députés en 1870 au cours de débats si confidentiels qu'ils le sont restés durant 140 ans ?
Sur le fond, la publication de ces comités secrets ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà : à l'aube de graves troubles, les députés sont très inquiets pour l'avenir du pays. Mais laissons de côté le fond aux historiens et intéressons-nous à la forme d'expression orale. Comment s'exprimaient les représentants du Corps législatif Impérial et de l'Assemblée Nationale à cette époque troublée ? Par des expressions et des formulations savoureuses. En 1870, on avait son franc-parler, surtout sur les bancs de l'Assemblée Nationale !
Quand le 13 août 1870, Léon Gambetta dénonce les caractères de l'époque "qui se sont amollis, oui, le vieux feu gaulois s’est refroidi !", c'est Jules Ferry qui s'étonne le 28 août 1870 de la mollesse gouvernementale pour mobiliser "la partie la plus énergique de la population, (...) car c’est là, au faubourg Saint-Antoine (alors un quartier populaire), que vous trouverez les hommes les plus énergiques, que vous trouverez la force vive de Paris, bien plutôt que dans la rue et le faubourg Saint-Honoré !" Et c'est dans ces moments difficiles pour la Nation, que l'on reconnaît les hommes qui ont le sens de la politique. Lors de la séance du 22 mars 1871, s'élève la voix d'un débutant prometteur, Georges Clémenceau. Il rétorque à Jules Grévy à propos de son projet de loi d'organiser des élections municipales, y compris à Paris : "Vous serez responsables de ce qui va suivre !". La suite, effectivement, tout le monde la connaît : Paris se soulève, le gouvernement fuit à Versailles, la Commune est instaurée et les conséquences de cet intermède sessessionnel seront irrémédiables pour les généalogistes : la destruction par les flammes des registres paroissiaux et de l'état civil parisien depuis le moyen âge !
Image (domaine public) : L'Hôtel de Ville de Paris avant et après son incendie du 24 mai 1871 (source Wikipedia).
Cette destruction des archives parisiennes en 1871 est vraiment notre "désastre d'Alexandrie". L'exposition sur la Commune de Paris à l'Hôtel de Ville en ce moment montre bien l'ampleur des destructions des 23 et 24 mai 1871. Quand on pense que tous ces registres et documents, patiemment tenus pendant des siècles par les curés de toutes les paroisses parisiennes (le plus ancien registre remontait en 1525) ont été détruits en quelques heures à cause de la folie de quelques personnes, cela ne peut que rendre bien triste.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Registres_paroissiaux_et_d%27%C3%A9tat_civil_%C3%A0_Paris
Je pense d'ailleurs qu'il faudrait envisager, grâce aux moyens techniques modernes qui permettent des recoupements plus nombreux, une reconstitution encore plus précise, plus maniable et plus complète de l'état civil parisien.
Rédigé par : Louis | 06 avril 2011 à 15:57