Il y avait foule de gens à voir et de vérités à entendre au colloque sur la réutilisation des données publiques, organisé vendredi par l'AAF, l'association des archivistes français. Des scènes étonnantes aussi, avec un dialogue noué entre des gens qui d'ordinaire communiquent par l'intermédiaire de leur avocat et bientôt devant la barre du tribunal administratif : Edouard Bouyé, l'archiviste départemental du Cantal et Toussaint Roze, président de NotreFamille.com. Ou encore entre des acteurs de la généalogie qui se parlent peu ou par le biais de subtils communiqués de presse comme Clotilde de Mersan, directrice du développement à l’international d’Ancestry Europe et Jacques Le Marois, président de GeneaNet. Sans oublier l'intervention de Bruno Ory-Lavollée dont les propos tenus il y a quelques semaines dans La Revue Française de Généalogie avaient provoqué un séisme dans le monde feutré des conservateurs. C'est donc peu de dire que les archivistes ont réussi à reprendre la main dans ce débat qui empoisonne la vie archivistique depuis de longs mois.
Quant aux généalogistes, ils étaient quelques uns à exposer leurs idées. Des interlocuteurs classiques, comme Michel Sémentery et Jean-François Pellan de la Fédération Française de Généalogie ont exigé le retrait des licences pour les généalogistes en rappelant le rôle essentiel de ces derniers. Moins conventionnel, le blogueur-généalogiste et étudiant en archivistique Jordi Navarro a projeté un diaporama très remarqué sur les nouveaux usages des chercheurs d'ancêtres. En écoutant les besoins des généalogistes -les premiers utilisateurs des services d'archives en France-, le débat sur la réutilisation des données publiques a donc véritablement pu commencer.
Un éventuel accord a même été évoqué en cloture du colloque : à condition de n'utiliser que des liens Internet menant vers les images officielles, Pascale Verdier, la directrice des archives du Bas-Rhin ne voyait plus d'obstacles à la réutilisation des données par Ancestry.fr. En une journée, tout serait-il devenu tout beau au pays merveilleux des archives ? Loin de là, les avis sont encore très partagés. Et pour se prononcer, beaucoup d'acteurs du secteur préfèrent attendre l'avis du tribunal administratif de Clermont-Ferrand qui doit trancher sans doute avant la fin de l'année entre deux visions de la réutilisation des données.
Photo : Le 11 mars 2011, Paris. Jordi Navarro, blogueur-généalogiste et étudiant en archivistique prépare son intervention sous les yeux de Clotilde de Mersan, directrice du développement à l’international d’Ancestry Europe et de Toussaint Roze, président de NotreFamille.com. (Crédit : GM).
Bonjour,
citée dans cet article, je voudrais émettre quelques remarques à la phrase suivante : "Un éventuel accord a même été évoqué en cloture du colloque : à condition de n'utiliser que des liens Internet menant vers les images officielles, Pascale Verdier, la directrice des archives du Bas-Rhin ne voyait plus d'obstacles à la réutilisation des données par Ancestry.fr."
Cette présentation est un peu étonnante, car je n'ai personnellement jamais vu AUCUN obstacle à la réutilisation des informations publiques par Ancestry ou d'autres...
Ce que je me suis bornée à dire, c'est que, dès qu'il y a réalisation d'une photographie, il y a souscription d'une licence, que pratiquement toutes les licences sont gratuites (cela ne change donc rien pour les usagers) sauf celle qui cumule deux critères : diffusion publique d'images ET usage commercial.
Les sociétés privées, les associations, les particuliers qui veulent diffuser publiquement, et moyennant finances pour leurs clients, des images disponibles gratuitement sur le site des AD 67 ont une redevance à payer.
Alors il se trouve qu'elles ne VEULENT pas payer, car leur "modèle économique" ne le permet pas ! Mais je ne crois pas que cet argument puisse m'être opposé. Moi aussi, il m'arrive de convoiter des choses que je ne peux pas me payer... Et bien, je ne l'achète pas !
Je comprends parfaitement que, pour faire le maximum de profit, il serait infiniment préférable que je remette gratuitement les images que j'ai produites, mais la loi m'autorise à faire payer une redevance (je me répète : dans le seul cas où il y a utilisation commerciale et diffusion publique), et j'utilise ce droit.
Rédigé par : Pascale Verdier | 15 mars 2011 à 11:31