La journée d'études de l'Association des archivistes français, le 11 mars, a non seulement permis de débloquer le débat, mais elle a également été l'occasion d'entendre des déclarations, parfois graves, parfois amusantes. Petit florilège de propos tenus :
Bruno Ory-Lavollée, auteur d'un rapport sur la réutilisation des données publiques :
- Il y a eu une polémique très exagérée, (...). Dans une interview publiée dans la Revue Française de Généalogie, je disais que les institutions sont en général plus douées pour la conservation et l'analyse scientifique que pour la diffusion. Plus douées, cela ne veut pas dire pas douées. Il n'y a pas de honte à obtenir la médaille d'or à la descente et de se contenter de la médaille de bronze au slalom.
- Cette polémique m'a rappelé un de mes professeurs qui disait : on est toujours le gaucho ou le facho de quelqu'un. Dans cette affaire, j'ai été à la fois le facho et le gaucho. Les archivistes m'ont reproché de vouloir brader le patrimoine numérique, le secteur privé, de vouloir tarifer un patrimoine déjà payé par le contribuable.
Cyril Longin, directeur des Archives municipales de Saint-Etienne :
- Il ne faut pas opposer ceux qui résistent à ceux qui collaborent. J'ai choisi de collaborer, refuser ne paraît pas tenable juridiquement (à propos de la rédaction des licences).
Clotilde de Mersan, directrice du développement à l’international d’Ancestry Europe :
- On a été diabolisé. Je suis outrée par le côté léonien des licences mises en place. Nous supportons toutes les obligations sans aucune contrepartie. Et ces licences ne sont pas économiquement viables. Si le leader mondial de la généalogie ne parvient pas à monter ce projet en France, c'est dommage, car il n'y a pas 36 sociétés capables de le faire.
Jean-François Pellan, vice-président de la fédération française de généalogie :
- Aujourd'hui quand un généalogiste sort un appareil photo en salle de lecture, on lui saute dessus ! Même pour illustrer un dossier personnel. C'est comme si les archivistes avaient peur d'être dépossédés.
Edouard Bouyé, directeur des archives départementales du Cantal :
- En arverne, je campe sur ma position. Un partenariat, c'est la main dans la main, pas la main dans la poche ! Les candidats passeront à la caisse.
- Les généalogistes se choquent de voir la mémoire du grand-père mort pour la France en 1914, vendue et revendue entre un pendentif cœur et une poudre aphrodisiaque. Cette proximité est choquante. Peu de nos compatriotes sont prêts à voir coexister cette mémoire avec des contenus inappropriés.
Toussaint Roze, président de NotreFamille.com :
- Nous ne vendons pas de poudre de perlimpinpin. Je suis stupéfait par ce niveau de désinformation.
Jordi Navarro, blogueur, généalogiste et étudiant en archivistique :
- J'ai des ancêtres dans 45 départements. J'ai dû signer 45 licences différentes, c'est impossible de les connaître toutes.
- Il y a une explosion du besoin d'appropriation. Cela a de quoi nous dépasser. Il y a des enjeux de partenariats avec des opérateurs potentiels dont nous ignorons parfois encore l'existence.
Le directeur des AD15, voilà quelqu'un de clairvoyant.
Un site avec de nombreuses sources en ligne (collection dptale + communale), des recensements... un très beau site, un personnel particulièrement aidant (pour être allé plusieurs fois physiquement à Aurillac).
Un directeur qui dit aussi tout haut ce que tout le monde n'ose pas dire, ou pense tout bas, à savoir, ras le bol de voir ces sociétés commerciales vouloir faire du pognon avec le patrimoine, quitte à vendre sur le même site des données culturelles (issues de la numérisation payée par le contribuable) à côté des horoscopes et autres produits de maquillage (voir le site NotreFamille.com qui n'est qu'un site commercial où tout et n'importe quoi se vend pourvu qu'il y a du fric à se faire).
Monsieur Bouyé, bravo !
juste une chose cependant: faire comme les AD de la Somme et permettre de créer un lien direct vers l'image, elle même hébergée sur le site des AD. Comme celà, plus besoin de faire une copie écran, un simple lien permet d'accéder à l'image. Essayez les AD80, c'est sympa ce système de liens par images.
Rédigé par : CB | 15 mars 2011 à 23:30
Les archivistes débloquent, et si ça continue on finira par voir des généalogistes qui débloguent !
Ceci dit je suis d'accord avec le monsieur du Cantal ;)
Rédigé par : Merline | 15 mars 2011 à 15:17
Bonjour,
je souhaite apporter des précisions sur les propos que vous m'avez fait porter. J'ai en effet bien indiqué qu'il ne fallait pas avoir une vision caricaturale, du genre ceux qui résistent et ceux qui collaborent, en référence à une bande dessinée bien connue. En revanche, je n'ai jamais dit que j'avais "choisi de collaborer" en rédigeant un règlement et des licences. Comme je l'ai précisé, la production de ces documents répond à une obligation règlementaire. Et tout refus de principe à la réutilisation, commerciale ou non, mettrait une collectivité dans une position juridique fragile.
Cyril Longin
Directeur des archives municipales de Saint-Etienne
Rédigé par : Cyril Longin | 15 mars 2011 à 14:00