Après la fièvre aphteuse et la grippe aviaire, voici la maladie de la langue bleue. Egalement connue sous l'appelation de fièvre catarrhale ovine, cette maladie ne touche pas, contrairement à ce que son nom suggère, que les moutons mais contamine tous les ruminants. Depuis un an, un tiers du pays, du Nord-Pas-de-Calais à l'Auvergne en passant par les Ardennes et la Bourgogne, est concerné. Philippe Lefèvre, spécialiste des questions agricoles sur France Inter, en a dessiné les symptomes lundi 24 septembre, au micro du 7/10 (pour écouter la chronique, cliquez en haut à droite) :
L'animal touché devient très faible. Il perd énormément de poids. Une vache touchée ressemble un peu aux vaches sacrées indiennes ou aux zébus africains très maigres. Ensuite, il y a des risques de mortalité : 25 % des animaux contaminés chez les moutons 1 ou 2 % chez les vaches.
La contamination se fait via un moucheron très difficile à repérer [...]. Et visiblement, la contamination aurait démarré avec un moucheron africain qui serait arrivé à Maastricht, dans un container de fleurs ou via une antilope livrée au zoo de la ville.
Qu’en était-il autrefois ? Nos ancêtres étaient également confrontés aux maladies ; dans son étude des Epizooties en France de 1700 à 1850, François Vallat en décrit parfaitement l'évolution et la localisation.
Mais la situation n'était pas la même. Déjà, il n’y avait pas de troupeaux aussi importants. On connaît certes la tradition qui veut qu’on mesurait la richesse d’un fermier à la hauteur de son tas de fumier rendu bien sûr par le nombre de ses bêtes, mais cela ne dépassait pas la dizaine de têtes, loin s’en faut. Et si les propriétaires (ou locataires) d’animaux étaient nombreux dans un village, ce n’était guère que pour subvenir à des besoins familiaux en premier lieu et en tirer un peu de profit ensuite : lait, beurre, fromage, tout se faisait à la ferme et on consommait de viande juste ce qu’il fallait, quand on en mangeait.
Dans pareilles cas, où trouvaient-ils les remèdes ? Qui consultaient-ils ? Dans le n° 168 de La Revue française de Généalogie, Michel Vernus, professeur émérite d'Histoire à l'université de Franche-Comté, évoque le recours au guérisseur :
On faisait appel naturellement au gérisseur (appelé barreur ou rebouteux) le plus expert, dont on connaissait le don qui lui permettait de combattre efficacement le mal. Le terme "barreur" (utilisé dans les Vosges et en Franche-Comté) vient du fait que le guérisseur, grâce à des formulations magiques, encercle et enferme le mal pour l'extirper ensuite hors du corps malade.
Autre personnage essentiel, avant que le vétérinaire n'apparaisse, le maréchal-ferrant multiplie les casquettes (dentiste, apothicaire, chirurgien, accoucheur...), comme l'illustre parfaitement Daniel Boucard, dans le dernier numéro de Nos Ancêtres - Vie & Métiers (actuellement en kiosque) :
Sa méthode est à l'image du personnage, efficace et expéditive. [...] La saignée est banale : on applique un doigt sur la veine jugulaire pour faire gonfler, on présente la "lancette" sur laquelle on donne un léger choc. Une fois le trop-plein de sang purgé, on recoud l'entaille à l'aiguille à l'aide d'un fil arraché à la crinière.
(c) Archives Daniel Boucard
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