Comment les entreprises considèrent-elles leur histoire et leurs archives ? Représentent-elles un atout industriel ou des stocks coûteux et encombrants destinés à la broyeuse ? Mathieu Quiret évoque, dans Les Echos (édition du 22 octobre 2007), une étude britannique qui compare les approches assez variées en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. A cette occasion, le journaliste donne un éclairage sur la situation française :
La conservation des archives de certains groupes fait aussi les frais des restructurations, des plans de rigueur. Le marketing a fait main basse sur la mémoire des entreprises, qui confient ces études à des consultants plus proches de la communication que des sciences humaines. […]
En France aussi, on trouve des attitudes variées. Quelques modèles d'entreprises ont su valoriser leur mémoire. Saint-Gobain d'abord, qui entretient depuis longtemps un comité d'historiens. La manufacture lancée à l'origine par Colbert finance aussi un centre d'archives à Tours très professionnel. Le secteur de la banque ferme actuellement ses portes, alors que des groupes comme le Crédit Lyonnais ou Paribas avaient une démarche intéressante.
Responsable des archives de la SNCF et ancien président de l’Association des archivistes français (qui dispose d’une section Archives économiques et d’entreprise), Henri Zuber souligne le nombre le croissant de services spécialisés dans les entreprises, qui sont passés de 20 en 1985 à 250 en 2005 :
Les archivistes sont conscients que c’est d’abord l’approche organisationnelle qui conduit les entreprises à s’intéresser à leurs archives : l’entreprise exerce son activité dans un monde concurrentiel et il lui est donc nécessaire de disposer de tous les atouts en vue d’un maximum d’efficacité.
Alors, où trouver ces traces de l'histoire, à la fois marqueurs de transformations collectives et témoignages précieux de parcours individuels ? Bien sûr, dans les entreprises ; également aux Archives nationales du monde du travail ou sur le site parisien des Archives nationales ; enfin, aux Archives départementales, option paradoxalement privilégiée par Françoise Bosman, directrice des Archives nationales du monde du travail :
Les fonds d’histoire économique et sociale n’ont pas à être déracinés de leur terrain. Par exemple, nous possédons les fonds miniers du XIXe siècle de toute la France, mais nous nous posons la question de la rétrocession des fonds à la Lorraine et au Sud-Loire. Toutefois, lorsque le fonds est colossale, les Archives départementales ne peuvent pas prendre.
(c) Alain Fisnot.
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