Des centaines de photos de familles stockées, des milliers d’IRM et de radios conservées dans les hôpitaux, des données administratives d’employés archivées dans les entreprises… Toutes ces données sont gravées sur CD-R ou DVD. Pour le commun des mortels, ces CD ont une durée de vie de 100 ans. Mais il n’en est rien. C’est ce que le Journal télévisé de 20 heures a dévoilé le 3 mars dernier.
Scoop ? Pas si sûr… Sur son blog Miklos parle de "La deuxième mort annoncée du CD-R" :
En des tons apocalyptiques, David Pujadas rapportait ce soir aux oreilles de millions de Français suspendus à ses lèvres une découverte catastrophique toute récente : les disques compacts… auraient une durée de vie de deux à cinq ans.
Un CD vieillit. Certains sont en train de mourir. C’est la réaction chimique du colorant qui permet de graver qui est à l’origine de ce vieillissement prématuré. Mais l’information n’est pas récente. Sur le site formats-ouverts.org, Thierry Stoehr reprend cette info du JT et apporte des pistes pour sauvegarder ses données :
Le CD vierge qui est gravé a une durée de vie limitée, il n'est pas gravé comme l'information l'est dans de la pierre. Ce reportage diffusé à une heure de grande écoute a peut-être permis d'alerter et de faire prendre conscience de la fragilité de notre mémoire numérique : en premier, fragilité des supports, dont les appareils de lecture peuvent disparaître... Puis fragilité des fichiers, dont les formats peuvent être fermés ou avoir disparu... Complément important au reportage : les disques durs (internes ou externes) ou les clés USB, actuellement très utilisés, ne sont pas plus éternels ! Il faut gérer le patrimoine numérique comme quelque chose de dynamique et non pas de statique une fois gravé, en utilisant des formats ouverts pour garantir l'archivage.
Une alternative au vieillissement prématuré des CD existe : les dupliquer régulièrement, ne pas tout miser sur les disques durs, en attendant le produit idéal permettant de graver sur un matériau le plus minéral possible, le quartz ou le verre. Il aurait une durée de vie de 100 ans et coûterait quelques centaines d’euros. Il pourrait être commercialisé d’ici 4 ans.
Le rapport que vous citez date de 2003 (pas sa traduction en français qui, elle, date de 2005). Les connaissances techniques - et le constat des problèmes de CD-R - ont avancé depuis. Quand on parle "durée de vie moyenne", c'est une étude sur de grands chiffres et il y aura évidemment bien des CD-R qui dureront plus longtemps ; il y en a que cette marge d'incertitude satisfait. C'est à ceux qui veulent assurer, autant que faire se peut, une pérennité plus longue à leurs données que s'adressent les "pisse-vinaigre" (argument scientifique s'il en est).
Les organismes qui sauvegardent des données de tout ordre sur des milliers de CD-R constatent ce problème d'impossibilité de relecture de CD-R d'archive, quand bien même ils se sont évertués à les conserver dans des conditions souvent bien meilleures que ne le peut le particulier et à ne pas les utiliser.
Entre les analyses de laboratoires et les "il me semble qu'on peut doubler l'échéance", chacun fera son choix. Pour ceux qui s'en servent (par exemple) pour conserver numériquement des documents qu'il faut préserver tout au court de leur vie professionnelle, il est bon de se rappeler qu'elle dure encore parfois plus de 2-5 ans, en moyenne.
Rédigé par : Miklos | 22 mars 2008 à 23:00
Le catastrophisme, la psychose et le fatalisme sont à la mode ces derniers temps... Comme si les discours eschatologiques déclamés par les scientifiques autour de l'inexorable extinction des êtres vivants dûe au réchauffement climatique ne suffisaient pas, on nous serine l'inéluctable et très prochaine défaillance de nos CD, l'anéantissement de nos données numériques et avec elles de nos précieuses archives familiales !
Or, nombre d'utilisateurs de CD-R - dont votre humble serviteur - constatent déjà que leurs disques prétendument très éphémères dépassent bien largement l'espérance de vie que nos amis pisse-vinaigre veulent bien leur attribuer soit 2 à 5 ans en moyenne. A condition d'éviter d'acheter des CD-ROM trop bon marché en paquet de 100, il me semble qu'on peut déjà doubler l'échéance fatidique des 5 ans d'espérance de vie. Certes, quelques mesures de précaution s'imposent (voyez ce rapport : http://www.transfert-sur-dvd.com/pages/cddvd.pdf.) En outre, une duplication préventive et régulière semble indubitablement préférable.
La durée de vie des CD-ROM comme de tout support est conditionnée par le soin qu'on veut bien leur accorder. Pour faire simple, il suffit de les garder à l'abri de l'humidité, de la chaleur, de les préserver des fortes variations thermiques, des chocs et de la poussière. Lors des manipulations, l'utilisation de gants de coton tels que ceux qu'on utilise en photographie est recommandée pour éviter les traces de doigt.
Maintenant, à quoi bon s'acharner à vouloir préserver les CD-R et les DVD ? Est-on bien certain que dans 10 ans les ordinateurs flambant neufs seront toujours équipés de lecteurs compatibles avec ce type de support ? L'annonce de deux nouveaux disques sont déjà appelés à remplacer le DVD : le Disque Blu-Ray et le HD-DVD.
Voilà, en ces jours qui précèdent le déluge, la mort du CD annoncée, ne nous détournera pas de notre volonté opiniâtre de sauvegarder la mémoire de nos familles...
Rédigé par : Mathusalem | 22 mars 2008 à 16:52
Le catastrophisme, la psychose et le fatalisme sont à la mode ces derniers temps... Comme si les discours eschatologiques déclamés par les scientifiques autour de l'inexorable extinction des êtres vivants dûe au réchauffement climatique ne suffisaient pas, on nous serine l'inéluctable et très prochaine défaillance de nos CD, l'anéantissement de nos données numériques et avec elles de nos précieuses archives familiales !
Or, nombre d'utilisateurs de CD-R - dont votre humble serviteur - constatent déjà que leurs disques prétendument très éphémères dépassent bien largement l'espérance de vie que nos amis pisse-vinaigre veulent bien leur attribuer soit 2 à 5 ans en moyenne. A condition d'éviter d'acheter des CD-ROM trop bon marché en paquet de 100, il me semble qu'on peut déjà doubler l'échéance fatidique des 5 ans d'espérance de vie. Certes, quelques mesures de précaution s'imposent (voyez ce rapport : http://www.transfert-sur-dvd.com/pages/cddvd.pdf.) En outre, une duplication préventive et régulière semble indubitablement préférable.
La durée de vie des CD-ROM comme de tout support est conditionnée par le soin qu'on veut bien leur accorder. Pour faire simple, il suffit de les garder à l'abri de l'humidité, de la chaleur, de les préserver des fortes variations thermiques, des chocs et de la poussière. Lors des manipulations, l'utilisation de gants de coton tels que ceux qu'on utilise en photographie est recommandée pour éviter les traces de doigt.
Maintenant, à quoi bon s'acharner à vouloir préserver les CD-R et les DVD ? Est-on bien certain que dans 10 ans les ordinateurs flambant neufs seront toujours équipés de lecteurs compatibles avec ce type de support ? L'annonce de deux nouveaux disques sont déjà appelés à remplacer le DVD : le Disque Blu-Ray et le HD-DVD.
Voilà, en ces jours qui précèdent le déluge, la mort du CD annoncée, ne nous détournera pas de notre volonté opiniâtre de sauvegarder la mémoire de nos familles...
Rédigé par : Mathusalem | 22 mars 2008 à 16:50
Alors que j'étais encore étudiant en techniques d'archives, il y a de cela une quinzaine d'années, certains de nos professeurs nous disaient déjà que nous serions la "période obscure" de la mémoire de l'homme.
Nos papiers bois sont acides et ont une durée de vie très courte par rapport au papier chiffon de nos ancêtres, les supports informatiques changent trop souvent pour que tout passe d'un support à un autre (qui peut encore lire les cartes perforées dont on se servait au début de l'ère informatique, par exemple ?).
Et qui plus est, les archivistes ont inventé le tri archivistique au vu de la masse des documents que nous produisons. Quels documents seront intéressants dans le futur pour les chercheurs, le savons-nous vraiment ?
Rédigé par : Stéphane Cosson | 22 mars 2008 à 11:51
Le disque de verre existe depuis plusieurs années : la BnF sauvegardait dessus en 1998 (cf. cet article : http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-la-bnf-g...es-cd-sur-verre-3847.html). On en est revenu, à cause, entre autres, du prix : vu l'explosion des volumes à sauvegarder, le coût en est prohibitif. De toute façon, il n'y aura jamais de produit idéal, la logique même du système technicien (comme disait Jacques Ellul) nécessitant son obsolescence, d'une part, et le temps montrant, d'autre part, que ce que l'on pensait idéal se révèle ne pas l'être au bout d'un temps.
Que faire entre temps ? Deux disques durs externes, de préférence de marques différentes (pour tenter d'éviter qu'ils n'aient une durée de vie comparable), que l'on n'utilise qu'au moment de la sauvegarde (et pas tout le temps).
Pour ceux qui ont les moyens (tels la BnF, l'Ina, etc.), on passe à une sauvegarde continue en ligne, avec des informations sur la structure des données qui permet aussi (en théorie du moins) à assurer la pérennité non pas uniquement des bits, mais des formats (WAIS).
Rédigé par : Miklos | 22 mars 2008 à 10:55