L'étude du projet de loi sur les archives se poursuit. La semaine dernière, la commission des Lois de l'Assemblée nationale a discuté et validé les amendements proposés par le rapporteur du texte, François Calvet. Les députés ont ainsi revu à la baisse des délais de communication adoptés par leurs collègues sénateurs et modifié certains passages controversés.
Nature des documents |
Délai actuel |
Délai proposé par le projet de loi initial |
Délai retenu par le Sénat |
Délai adopté par la commission des Lois |
Délibérations du gouvernement |
30 ans |
25 ans |
25 ans |
25 ans |
Sûreté nationale |
60 ans |
50 ans |
50 ans |
50 ans |
Vie privée |
60 ans |
50 ans |
75 ans |
50 ans |
Actes des notaires |
100 ans |
50 ans |
75 ans |
75 ans |
Archives des juridictions |
100 ans |
50 ans |
75 ans |
75 ans |
Registres de naissance (EC) |
100 ans |
100 ans |
75 ans |
75 ans |
Registres de mariage (EC) |
100 ans |
50 ans |
75 ans |
75 ans |
Enquêtes statistiques |
100 ans |
50 ans |
75 ans |
75 ans |
Recensement |
100 ans |
50 ans |
100 ans |
75 ans |
Pers. mineures ou agressions sexuelles |
Pas de délai spécifique |
Pas de délai spécifique |
100 ans |
100 ans |
Dossiers de personnels |
120 ans |
50 ans |
75 ans |
75 ans |
Secret médical |
150 ans |
120 ans (ou 25 ans à compter du décès) |
120 ans (ou 25 ans à compter du décès) |
120 ans (ou 25 ans à compter du décès) |
Autres documents |
30 ans |
Communication immédiate |
Communication immédiate |
Communication immédiate |
Chacune à leur façon, l'Association des archivistes français et, plus récemment, l'Association des usagers du service public des Archives nationales ont souligné le paradoxe des dispositions sénatoriales qui auraient pour effet de retirer de la communication des documents actuellement accessibles. Pour appuyer son propos, l'AUSPAN a publié un courrier-type de protestation à adresser aux parlementaires (une initiative relayée sur la Toile par le généalogiste professionnel Stéphane Cosson et commentée dans l'édition du Monde de ce jour). La ministre de la Culture partage en grande partie cette position. Lors de son audition par la commission, Christine Albanel a regretté "un retour en arrière" :
Les sénateurs ont considéré qu’en raison de l’allongement de la durée de la vie, il convenait de porter à 75 ans le délai de communication des documents qui mettent en cause la vie privée des individus, actuellement fixé à 60 ans et qui était abaissé à 50 ans dans le projet gouvernemental. Si ce délai de 75 ans était conservé, outre que cela reviendrait à retirer de la consultation des documents déjà disponibles pour les chercheurs ou le grand public, cela semblerait également contradictoire avec l’objectif de favoriser l’accès aux archives publiques. [...] Le délai retenu par le Sénat [...] serait en décalage sensible par rapport aux délais en vigueur dans d’autres pays européens – 30 ans en Allemagne, 25 ans en Espagne.
Les députés ont donc validé un délai de 50 ans (au lieu de 75 ans) pour les archives à caractère privé. Ils ont aussi supprimé le délai spécifique instauré par le Sénat en matière de recensements de la population : ces documents seront soumis au même régime que les autres enquêtes statistiques effectuées par les pouvoirs publics (75 ans au lieu de 100 ans).
La commission des Lois est également revenue sur la notion d'archives incommunicables (créée cette fois-ci par le gouvernement), appliquée aux "informations permettant de concevoir, fabriquer, utiliser ou localiser des armes nucléaires, biologiques, chimiques" ou aux documents "dont la communication est de nature à porter atteinte à la sécurité des personnes". Dans ce dernier cas, jugé assez flou par les associations, la commission préfère appliquer un délai de 100 ans.
Mais ce toilettage sera-t-il suffisant pour satisfaire les différents protagonistes ? Le projet de loi et les amendements adoptés par la commission seront soumis à l'assemblée des députés le mardi 29 avril 2008. En attendant, les négociations se poursuivent dans les couloirs, les élus peaufinent des amendements supplémentaires, à l'écoute des administrations (comme l'Insee), des professionnels et des chercheurs rencontrés sur leur circonscription.
Concernant les delais de communication des archives de publicite fonciere : depuis la loi de 1956 sur la publicite fonciere, toutes les transcriptions d'actes de vente d'immeubles posterieurs a 1956 sont integralement communicables au public. Il suffit d'en faire la demande au service des hypotheques en renseignant un imprime.
Avant 1956 beaucoup de ventes n'etaient pas transcrites au registre des hypotheques, mais dans les registres de l'enregistrement, et ces archives, au titre de la protection de la vie privee, sont incommunicables avant un delai de 100 ans !
La situation actuelle est donc qu'il est impossible a un particulier de trouver le dernier proprietaire connu d'un bien immeuble dont la derniere mutation est intervenue entre 1908 et 1956.
On pourrait esperer que ce projet de loi vienne corriger cette incroyable incoherence; mais sera-ce le cas, et dans quelle categorie est-il prevu de ranger les archives de l'administration de l'enregistrement ?
Rédigé par : Jef | 22 avril 2008 à 10:27
Le secret protège notamment ceux qui ont intérêt à cacher la vérité au publique pour éviter d'être jugé par l'opinion publique voire par les tribunaux.
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Rédigé par : Seb110 | 21 avril 2008 à 07:58