C'est grâce à une collaboration originale, entre des historiens et des mathématiciens, que l'on en sait davantage sur la vie des serfs et leur réseau de relations.
Ces scientifiques issus de l'université de Toulouse-Mirail, du laboratoire d'informatique de Nantes-Atlantique et de l'Inria Rocquencourt, ont dépouillé des milliers de contrats agraires signés entre 1240 et 1520 dans cinq communes du Lot (territoire qui correspond à l'ancienne seigneurie de Castelnau-Montratier). Ils ont ainsi recensé pas moins de 5.000 noms différents et cartographier les réseaux de relations de ces paysans du Moyen-Âge.
Yves Miserey relate cette expérience dans Le Figaro du 29 mai 2008 et évoque les conclusions de Florent Hautefeuille :
Les serfs n'avaient pas seulement des relations avec leurs voisins habitant le même mas (le "petit monde" en jargon mathématique), même si ces relations sont clairement privilégiées. Le réseau était dominé par des familles de serfs, principaux vecteurs de la communication entre villages comme la famille Combelcau qui disparut de la région après la guerre de Cent Ans et fut remplacée par d'autres.
"Les structures demeurent même si les familles changent. Le rôle de ces individus-relais ("le club huppé") est une chose nouvelle que les mathématiques nous ont permis de voir", affirme Florent Hautefeuille. Le rôle de ces personnalités centrales dans le monde agricole a été souligné récemment dans plusieurs études conduites dans l'Union européenne. On peut donc parler de survivance d'une époque très reculée.
Une très belle initiative qui a su associer deux spécialités a priori hermétique et révéler des archives trop souvent oubliées au fond d'un magasin.
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