La Fédération française de généalogie compte un nouvel adhérent : la branche française de FamilySearch (nouvelle appellation de la Société généalogique de l'Utah), également connue sous le nom d'Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, dont les membres sont communément appelés "Mormons". Une identité à multiples facettes qui pourrait provoquer quelques grincements de dents à l'idée de voir FamilySearch s'installer dans le fief de la généalogie associative.
Sans entrer dans la polémique, le président de la Fédération française de Généalogie souligne que "les Mormons ont fait un réel travail généalogique", avec leurs 70 centres locaux ouverts à tous. Pour appuyer cette décision, Michel Sémentery se place du côté du droit : "la Fédération ne doit faire aucune discrimination religieuse". FamilySearch intègrera le quatrième collège, celui des "autres associations spécifiques", aux côtés des Huguenots de France ou de GenAmi, association de généalogie juive.
Aux plus septiques, il affirme préférer "des relations plus franches" avec cette association. C'est dans cet esprit de travail étroit que les Mormons avancent :
FamilySearch est membre de plusieurs associations généalogiques étrangères ainsi que de la Confédération internationale de Généalogie. (...) FamilySearch s'est engagé depuis quelques années dans la numérisation des sources généalogiques pour leur mise en ligne progressive en accès gratuit sur son site Internet et sur les sites partenaires. Dans ce processus, la coopération avec les archivistes et les associations généalogiques est essentielle.
Un avis que ne partage pas forcément le député UMP Eric Raoult. Dans une question écrite adressée au ministère de l'Intérieur en octobre 2007, il s'interroge sur les rapports entre l'Etat et "ce pseudo mouvement religieux" :
Il semblerait que cette "Eglise" puisse avoir en sa possession le plus grand stock dans le monde de fiches d'état civil, mais personne ne connaît vraiment leurs véritables objectifs. (...) Comment un État laïc et républicain comme la France peut continuer à confier à un mouvement religieux, parfois contesté dans les pays où il est présent et actif, les registres paroissiaux et d'état civil, mémoire de notre pays.
Michèle Alliot-Marie lui a répondu le mois dernier. Elle fait référence à l'accord passé en 1960 (confirmé en 1987 par signature d'un avenant), entre l'Etat et la Société généalogique de Salt Lake City pour le microfilmage des registres paroissiaux et d'état civil :
[La direction des Archives de France] a tenu compte du fait que le microfilmage ne portait que sur des registres de plus de cent ans d'âge, qu'il a pour finalité d'identifier les ancêtres des membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, que les données relatives à l'origine ethnique, aux causes du décès, aux opinions religieuses et aux professions ne sont pas mémorisées, que la durée de l'accord est fixée à cinq ans renouvelables et qu'il prévoit la possibilité, pour les autorités françaises, de le résilier unilatéralement dans le cas où l'une de ses dispositions ne serait pas respectée par le cocontractant. Par ailleurs, une liste comportant la nature des recherches engagées à partir d'informations collectées dans les archives françaises est annuellement transmise à la direction des Archives de France pour contrôle.
Monsieur le Député a beaucoup de temps à perdre en posant une question aussi saugrenue en qualifiant l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours de "pseudo mouvement religieux" et qui atteste de sa méconnaissance de cette organisation,de son enseignement et des buts de la recherche et de la conservation des données généalogiques, patrimoine de l'humanité. J'assure moi-même des permanences dans un centre de Généalogie de cette Eglise, et je peux rassurer Monsieur le Député qu'il n'y a rien d'occulte et de dangereux dans le travail exemplaire qui y est réalisé. Que Monsieur le Député s'occupe plutôt du bien-être social de ses concitoyens avant d'agiter des chiffons rouges...et prenne le temps et la peine de mieux s'informer en venant lui-même vérifier sur place.
Rédigé par : clavey | 03 juin 2008 à 09:09
Je pense que cette collaboration de votre organisme et de l'État avec la secte mormonne comporte un volet d'ignorance.
Savez-vous pourquoi ils collectent ça ? Ils pratiquent un ''baptême pour les morts'' qui consiste à mettre autant de noms que possible dans leur bunker de Salt Lake.
Or, bien des gens n'ont pas envie de se retrouver là, de voir leurs registres baptismaux transmis par des intermédiaires douteux comme les sociétés de généalogie et le Gouvernement français. On y penserait deux fois s'il s'agissait d'une secte semblable comme la Scientologie ou des Témoins de Jehovah.
D'ailleurs, le Vatican a récemment interdit aux diocèses catholiques de collaborer avec cette secte. Je pense que les sociétés de généalogie et les États devraient au moins y réfléchir en tenant compte de ce point de vue.
Rédigé par : A Monette | 02 juin 2008 à 09:00