Pour un SDF, mieux vaut mourir en hiver qu'en été. Sous ce titre provocateur, Luc Bronner revient, dans l'édition du Monde datée de ce mardi 12 août 2008, sur le décès d'Aurélien L., "galérien" de 30 ans, décédé le 16 juillet dernier à Paris, en tombant accidentellement dans le canal Saint-Martin, "probablement après avoir consommé de l'alcool". Le journaliste souligne l'anonymat dans lequel cet Ariégeois est mort au coeur de l'été :
Aurélien L. n'est pas mort à la bonne saison. En décembre ou en janvier, le décès d'un SDF est un sujet d'actualité - une brève pour commencer, un papier ensuite si le nombre de morts atteint une "masse critique" suffisante. En juillet ou au mois d'août, non. Ainsi va la vie médiatique, guidée par une jurisprudence implicite qui donne de l'importance à tel ou tel fait en fonction de la saison.
Le jeune homme a été enterré dans un cimetière de la banlieue parisienne le 25 juillet, en présence de sa famille, de travailleurs sociaux et de "compagnons" de la rue. D'autres mourront sans identité et sans cortège. Luc Bronnet rappelle l'action de l'association Les morts de la rue qui estime que "aucune personne de la rue ne doit être oubliée une deuxième fois dans la mort". Elle publie sur son site Internet un relevé des SDF décédés (comme d'autres font des relevés d'ancêtres) avec leurs nom et prénom, leur âge et leur lieu de naissance, lorsque ces informations sont connues. Sinon l'inscription "un homme" ou "une femme", au mieux un surnom, est indiquée. Depuis le début de l'année, l'association a recensé 136 décès.
Avec la ville de Paris, Les morts de la rue assurent aussi des funérailles citoyennes pour les morts isolés. Elles concernent les personnes de la rue décédées, mais également tous les morts abandonnés, qu’ils soient de la rue ou pas. La liste des inhumations réalisées depuis 2004 est disponible sur le site Internet de Paris. Ces défunts sont généralement enterrés au cimetière parisien de Thiais, surnommé le "cimetière des pauvres" : on y trouve les seules "tranchées gratuites" de Paris (104e et 105e divisions). Là, les corps sont alignés côte à côte, pour un temps provisoire, dans un quasi-anonymat.
Une notre original...Merci pour l'info...
Rédigé par : Eric Ferra | 16 août 2008 à 13:53