Les éditions Ouest-France publient un ouvrage intéressant et original sur l’archéologie de la Première Guerre mondiale. Les trois auteurs, responsables de fouilles dans le Nord et la Picardie, en sont devenus spécialistes, suite à des découvertes relevées durant des recherches sur des sites anciens. La problématique du livre tourne autour de l’intérêt et de la place à donner aux vestiges de ce conflit.
Dans un premier temps, est abordée la rencontre avec ces traces, souvent inattendue, pendant des fouilles préventives (avant un nouvel aménagement, par exemple). Les auteurs nous rappellent qu’après la "der des der", la réaction de la société a été de gommer toute trace des stigmates des combats et de l’occupation allemande. La mémoire ne s'exprime alors que par l’intermédiaire de témoignages d’anciens combattants et de commémorations auprès de monuments aux morts. Aujourd’hui, il ne reste plus aucun Poilu ; la découverte des tranchées, d’armes, d’objets, de tombes, d’ossements de chevaux, donne un nouvel éclairage sur l’histoire de cette "boucherie".
Evidemment, cela n’est pas sans poser problème et débat : que conserver ? Pour les chercheurs, il est absolument nécessaire de sauvegarder les sites des champs de bataille afin de transmettre cette mémoire aux générations futures. En effet, grâce aux fouilles, ils ont fait apparaître des aspects inédits de la vie quotidienne des combattants : dépotoirs, artisanat, regain de la religiosité... Sans oublier, les dizaines de corps retrouvés chaque année, reflet de la violence et des conditions dantesques des combats. La Grande Guerre est le premier conflit où l’on a accordé une réelle importance à l’identification du mort, et d’après les statistiques, il y aurait eu près de 670.000 "soldats inconnus" !
Pour répondre à la problématique, il faut s’intéresser aux traces de cet événement, fondateur de notre société actuelle, seuls éléments restant pour notre mémoire collective.
L’Archéologie de la Grande Guerre, Yves Desfossés, Alain Jacques et Gilles Prilaux, éditions Ouest-France, 2008, 128 pages, 15,90 €
Les commentaires récents