Soubressaut dans l'actualité : à l'heure où son mari Barack obtient le Prix Nobel de la Paix, Michelle Obama voit sa généalogie remonter à la surface comme un souvenir douloureux. On savait la femme du président issue d'une famille de Caroline du Sud et une légende familiale racontait même qu'il y avait un ancêtre blanc. Une enquête menée par la généalogiste Megan Smolenyak, détaillée dans un article du New York Times a permis de retrouver l'incroyable chemin parcouru par la famille depuis les champs de coton d'Atlanta où ses membres étaient employés comme esclaves, jusqu'aux premières marches du pouvoir franchies avec dignité aux côtés de son époux par l'actuelle First Lady des États-Unis.
L'aïeule la plus lointaine qu'il a été possible d'identifier s'appelait Melvinia et ne portait pas encore de nom de famille, car elle appartenait corps et âme à son maître, un certain David Patterson et l'on ne connaît pas sa date exacte de naissance. Tout juste sait-on qu'en 1852, à la mort de son "propriétaire", elle est léguée comme d'autres biens à la fille de ce dernier, une certaine Christianne, mariée à Henry Shields en Georgie. Melvinia n'a que 6 ans et elle vaut environ 475 dollars. Quelques années plus tard, alors qu'elle est adolescente, sans doute âgée de 15 ans au plus, elle donne naissance à un enfant métis, un garçon. Melvinia et l'homme blanc, père de son fils, sont les arrière-arrière-grands-parents de
Michelle Obama. Le petit Dolphus est le premier à recevoir un nom de famille après l'abolition de l'esclavage : il s'appelle Shields. Et l'on ignore si ce patronyme est choisi par commodité pour rendre hommage à ses anciens maîtres, comme c'est l'usage, ou bien tout simplement pour porter le nom de son père, un homme de la famille Shields, Henry ou bien l'un de ses quatre fils... (Voir ici l'arbre généalogique de Michelle Obama en version dynamique sur le site du New York Times, merci Jean-Yves pour le lien).
Ce qui nous paraît extraordinaire se révèle au contraire d'une terrible banalité, les viols et les contraintes d'esclaves étaient hélas monnaie courante. De très nombreuses familles afro-américaines en font aujourd'hui l'amère expérience en passant des tests ADN. Dans 35 à 40 % des cas, ceux-ci révèlent des racines paternelles incontestablement européennes et non africaines... L'histoire de l'humanité est ainsi faite, cousue de violences et d'étonnantes réhabilitations, dont la famille Shields-Obama nous présente un exemple hors du commun.
(Image issue de la campagne de Barack Obama)
Généalogie originale ou pas, Michelle Obama est un symbole majeur.
http://ysengrimus.wordpress.com/2009/03/01/ce-que-michelle-obama-symbolise/
Il va falloir l’observer très attentivement dans les prochaines années.
Paul Laurendeau
Rédigé par : Paul Laurendeau | 10 octobre 2009 à 13:46