Le site Internet de généalogie Ancestry.com, bien implanté outre-Atlantique et bénéficiant d'une fenêtre récente en France, sollicite le marché boursier pour se développer. Depuis le 5 novembre dernier, cette société est cotée à Wall Street (sous la référence ACOM) ; pour l'occasion, son président, Tim Sullivan, a sonné, dans une certaine effervescence, la cloche du Nasdaq (comme en témoigne les photos du blog The Ancestry Insider, mais surtout la vidéo postée sur Facebook, accessible uniquement aux détenteurs d'un compte maison). Ancestry a émis 7.407.407 actions au prix de 13,50 dollars, niveau autour duquel tente de se stabiliser actuellement son cours, après les pointes enregistrés les premiers jours.
En France, la société NotreFamille.com, connue pour ses importantes bases de données généalogiques, a franchi le pas en mars 2007. Introduite en bourse au tarif de 11,90 euros, son cours se situe actuellement autour de 10 euros, après avoir atteint un niveau plancher de 5,82 euros début 2009. "Ce site Web était pratiquement bradé", analysait Denis Sarget dans MoneyWeek début novembre.
Son développement passe par un renforcement de ses contenus (via le rachat de sites Internet comme récemment MediaDICO.com ou la numérisation d'archives) pour augmenter son audience et donc ses rentrées financières. NotreFamille.com vise particulièrement un public féminin, avec la création de ses nouvelles rubriques Couple, Horoscope, Beauté ou Santé (annoncée pour début 2010). Si son secteur de vente en ligne de produits personnalisés est touché par la crise, il ne demeure pas moins générateur de l'essentiel du chiffre d'affaire.
Dans cette stratégie, la généalogie n'est pas négligée, d'autant plus qu'elle représente plus d'un quart du chiffre d'affaire, avec le succès affiché des abonnements à l'offre illimitée lancés il y a un an et demi. En complément des relevés d'actes négociés avec les associations, la société mise sur la numérisation et la mise en ligne d'archives, ce qui nécessite d'importants investissements (techniques et humains) et grève temporairement le bénéfice d'exploitation. "Ces avancées étaient nécessaires pour que le site Web reste dans le peloton de tête face à ses concurrents, estime Denis Sarget. [...] Cette stratégie d'enrichissement du portail se traduit par une forte hausse de l'audience, en augmentation de 58% en un an. Elle atteint désormais, en moyenne, 4,4 millions de visiteurs par mois".
"A moyen et long terme, NotreFamille.com souhaite ouvrir à ses abonnés l'accès aux sources généalogiques publiques les plus pertinentes, aujourd'hui difficilement accessibles", lit-on dans la note sur les résultats du 1er semestre 2009. Elle retrouvera sûrement sur ce marché son "compère boursier" Ancestry, qui a déjà démontré sa compétence dans ce domaine. La société américaine espère un assouplissement de la législation française jugée "stricte" (dans un document diffusé début août) et présentée comme un des facteurs de risque pour son développement. Il pourrait intervenir avec la mise en place, par le ministère de la Culture, de licences déjà contestées par des généalogistes.
Si je reprends une partie de l'article de Denis Sarget à propos de NotreFamille.com : "De nouvelle rubriques, beauté et astrologie, sont désormais accessibles depuis la page d'accueil. Le site santeguerir.fr, consacré aux questions médicales, a été acquis en juillet. Objectif du groupe : renforcer son coeur de cible visé qu'est l'audience féminine."
Je crois que l'on comprend mieux alors pourquoi la généalogie ne représente plus qu'un quart du chiffre d'affaires. Il me semble en effet que le coeur de cible de la généalogie est plutôt l'audience des seniors, voire des jeunes seniors.
En ayant déplacé ainsi son coeur de cible, je me pose la question (sans vouloir me couper l'herbe sous les pieds puisque je réponds bénévolement aux questions généalogiques qui peuvent lui être posées) : NotreFamille.com est-elle encore une société commerciale dans le giron de la généalogie ou bien se sert-elle de la généalogie pour capter en partie l'audience féminine senior et lui vendre le reste de ses produits (3/4 du CA) ?
Je ne remets pas en cause ses choix stratégiques d'entreprise, je me pose simplement la question.
Rédigé par : Stéphane Cosson | 28 novembre 2009 à 09:24
"aujourd'hui difficilement accessibles". Il faut arrêter avec les arguments foireux ...
Il s'agit d'archives publiques consultables dans les services d'archives publics et même en ligne, gratuitement. Combien de services d'archives "outre-Atlantique" offrent-ils les mêmes services ???
Rédigé par : Fonelle | 26 novembre 2009 à 18:01