La France et la Corée traînent une vieille histoire de manuscrits qui entache leurs relations amicales, diplomatiques... et économiques depuis le XIXe siècle. Mais elle pourrait bientôt trouver son épilogue. La Corée du Sud réclame la restitution d'une collection de manuscrits royaux coréens actuellement hébergée par la Bibliothèque Nationale de France dans le fonds chinois. Ces 297 textes royaux ont été dérobés par les troupes françaises de l'amiral Roze dans la bibliothèque royale de l'île de Ganghwa en 1866 lors d'une expédition punitive suite aux persécutions de catholiques. Certains documents remontent au XVe siècle et dictent l'étiquette et les rites de la dynastie Joseon.
L'opinion française est quand même assez favorable à la restitution : notre Jack Lang national avait déjà fait une sortie sur le sujet à l'été 2009, et le 18 février dernier, le sénateur Guerry a même posé une question au gouvernement sur ce sujet épineux, en attente de réponse. Mais rien n'a pu ébranler la conviction du tribunal administratif de Paris qui s'est opposé récemment à la demande d'une ONG Coréenne, s'abritant derrière une règle de l'ONU pour appliquer une prescription pour des faits commis par les pays avant 1970...
Pourtant, en toute logique, la France devrait rendre ces manuscrits. Mais si l'on examine la question sur le plan politique, la décision est quasiment impossible à prendre. Ce serait évidemment la porte ouverte à toutes les demandes de restitution de livres, d'oeuvres d'art et même de monuments. Cela reviendrait à vider des pans entiers de la section des manuscrits orientaux de la BNF, des tableaux italiens de la grande galerie du Louvre et à démonter l'obélisque de la Concorde pour la renvoyer par le premier bateau à Louxor... Alors, la France qui s'enorgueillit de la finesse de sa diplomatie a peut-être trouvé une solution diplomatique de nature à sauver la face des deux parties.
Cela ne serait pas une restitution, mais un "prêt de longue durée", sans vraiment de terme. Le plus amusant, c'est le nom de l'inventeur du concept : François Mitterrand, surnommé le florentin... En 1993, un contrat de TGV avait bien failli achopper sur ces manuscrits. Le président avait alors prêté le premier tome à la Corée du Sud, qui n'est bien sûr jamais revenu. 17 ans plus tard, le neveu du président, devenu ministre de la Culture pourrait renvoyer à Séoul les 296 autres tomes, sans les rendre officiellement ! Quant aux chercheurs, ils disposent depuis 2008 d'une solution "très XXIe siècle". Inutile de se précipiter à la BNF Richelieu, ni même à Séoul : les documents ont été numérisés et sont visibles sur Gallica (traduction bienvenue).
Concernant l'obélisque, c'est surtout la manière dont le "cadeau" a été obtenu de Méhémet Ali qui pose question... Le 2e est d'ailleurs resté à sa place, en Egypte.
Rédigé par : Guillaume de Morant | 23 février 2010 à 17:36
Il est vrai que l'on risquerait de voir repartir de nombreux documents vers leur pays d'origine. Mais après tout, quel droit avons-nous à les garder lorsqu'ils nous sous parvenus par pillage ou vol ? Il faudrait peut-être définir un délai au-delà duquel établir une véritable prescription, mais rendre les documents emportés il y a moins de 2 siècles par exemple...
Sinon pour l'obélisque de la Concorde, il n'a pas été volé mais bel et bien offert à la France par Méhémet Ali. De sa légitimité à nous offrir ce présent on peut toujours discuter, mais pas de raison de la rendre dans l'immédiat :p
http://www.anecdote-du-jour.com/l-obelisque-de-la-concorde-est-le-plus-vieux-monument-de-paris/
Rédigé par : Raphaël | 23 février 2010 à 17:09