Disons le tout net : l'exercice n'était pas facile et Pierrick Chuto s'en est sorti avec brio. Il a réussi à écrire un livre sur un seul de ses ancêtres, Auguste Chuto, maire du village de Guengat au XIXe siècle, et à intéresser ses lecteurs à une vie caractérisée par une formidable ascension sociale. Mieux même, au fil des pages, on se prend à réagir aux tribulations de l'homme. Petit-fils de journaliers misérables, fils d'un boulanger illettré, mais travailleur et doué d'un sens des affaires hors du commun, l'aïeul avait une belle personnalité. Loin d'être rectiligne, le fil de son existence s'étire comme un roman. Avec lui, de 1808 à 1882, on prend part aux joies, aux peines du village. On assiste aux séances du conseil municipal -homériques-, on bat la campagne à la recherche des meilleures terres, on amasse du bien, on signe des contrats devant notaire, on apprécie ses amis, on plaint ses ennemis... Partout, on sent l'emprise du "Maître de Genguat" !
Ecrire un livre sur ses ancêtres ? Voilà sans doute l'ultime démarche d'un généalogiste. Mais attention à l'exercice. Pour y prétendre, il faut certes avoir une belle plume, mais aussi disposer d'un sujet enrobé de pas mal de matière, puiser ses informations aux meilleures sources de l'histoire locale. L'arrière-arrière-petit-fils, Pierrick Chuto a tout cela. Et comme il a enquêté avec passion, mais rigueur, son livre est à inscrire parmi les témoignages les plus intéressants sur une période proche, mais finalement pas si bien connue. Ici, pas d'effet de loupe, l'auteur nous promène entre petite et grande histoire, entre contexte local et national avec le recul nécessaire. Et malgré sa propre distance, il parvient à nous rendre sympathique un homme sans doute insupportable ! Et si c'était ça, le graal du généalogiste ?
Le Maître de Guengat "Mestr Gwengad", L'emprise d'un maire en Basse-Bretagne au XIXe siècle. 400 pages, 20 € dans les librairies de la région de Quimper et en commande sur www.chuto.fr
Avoir une "belle plume" est certes préférable si l'on veut vendre son livre de famille à grande échelle. Mais si on le destine au cercle des proches, pourquoi priver ses descendants de ce précieux document sous prétexte qu'on n'écrit pas comme Proust ou Balzac, pour le dire vite ?
Comme beaucoup d'entre nous, j'aurais aimé pouvoir lire un texte écrit par mes aïeux, quelle que soit la qualité de leur écriture... Alors, au diable les complexes et les inhibitions !
Pour ce qui est de la matière, ce que vous dites est très juste. J'ai néanmoins observé que les généalogistes disposaient souvent de nombreuses informations.
La difficulté est alors plutôt de les mettre en forme.
Je fais partie des professionnels qui peuvent aider celles et ceux qui en ont besoin, tant sur le fond que sur la forme. Mais avec ou sans aide, lancez-vous, donnez de la vie à votre arbre généalogique !
Rédigé par : HélèneSoula | 14 mars 2010 à 17:36