Les étés de nos ancêtres étaient comme les nôtres très variables, oscillant entre des étés très chauds et d’autres nettement plus frisquets. Les premiers ont parfois fait l’objet de commentaires, comme en Lorraine, où on avait souvent apprécié ces fortes températures en référence à la maturité du raisin, mûrs dès le 8 juillet en 1473, dès le 2 en 1482, et même dès le 17 juin en 1498 ! Les records de chaleur s’observeront ensuite en 1524, 1607, pour sauter ensuite à 1740, année où "la terre fut desséchée comme de la cendre et les grains brûlés sur pied". Constats similaires en 1765 et 1766, avec en cette dernière année un record de 40°. D’un autre côté, toujours en Lorraine, on avait noté un siècle plus tard, en mai 1879, un froid très vif du 18 au 25, avec chute de neige le 24 mai. Bien avant que l'on accuse l’intervention des avions et autres technologies de perturber notre ciel, le temps était donc déjà souvent bien détraqué…
Les étés chauds et secs ont parfois laissé des traces dans les registres paroissiaux, dans lesquels les curés d’antan prenaient volontiers soin de noter et mémoriser les caprices de la météorologie. Ainsi, celui de Feurs, dans la Loire, a-t-il noté, en date du 21 août 1623 : "la sécheresse a este sy grande que la rivière de Loyre tary si fort qu’elle n’avoit que trente-troys pieds de large. Je soubzné (= soussigné) l’ay mesuré avec Me Arthau Sardin, le XXIème d’aoust et mettant une pierre sur mon pied, je le jetoys six pieds de delà la rivière."
Mais la chaleur, par les orages qui l’accompagnaient, était aussi à l’origine de nombreux accidents, causés par la foudre, à commencer par des incendies, qui prenaient rapidement des allures de catastrophes, du fait que le vent les propageait rapidement sur les toitures de chaume. En 1781, à Saint Germain-de-Joux, dans l’Ain, "le dix-neuf aoust (…) pendant la grande messe, le feut du ciel tombât sur une maison nouvellement bâtie. (…) Le coup de tonnerre, fort sec, fit tomber des pierres de sa cheminée et (…) consumât le tout (…). L’on ne sorti que quelques linges et meubles".
Ces orages étant souvent accompagnés de grêle, on se hâtait d’aller sonner une cloche réputée capable de les éloigner. L’opération envoyait alors les grêlons sur la paroisse voisine, et il s’ensuivait parfois des représailles. Mais elle s’avérait également quelquefois fatale, car le métal attirant la foudre, celle-ci tombait sur le sonneur.
Le 28 juillet 1735, dans le village du Grand-Abergement, dans l’Ain, trois sonneurs, à 6 heures du matin, avaient couru à l’église pour sonner afin d’éloigner l’orage : Claude Berthet dit l’Hermitan, soixante-trois ans, Alban Gouge dit Joseph, quarante ans, et Bernard Viviand dit Tarvenu, vingt ans. Trois hommes que le curé du lieu avait "ensépultrés" le lendemain, pour avoir été frappés de la foudre en "sonnant pour le tems".
Voilà quelques observations méritant d’être faites, mais non limitatives, issues notamment de Choses remarquables à la postérité, en vente aux Archives de l’Ain (PDF), et d’un site évoquant l’histoire du climat lorrain, sachant que nous sommes évidents près à publier tout autre relevé sur ce sujet, que vous pourrez nous adresser.
Notez également le site très intéressant de Guillaume Séchet http://www.meteo-paris.com/chronique, qui comme son nom ne l'indique pas, ne concerne pas que Paris
Rédigé par : d'aïeux et d'ailleurs | 25 août 2010 à 08:01