Les bagnes coloniaux sont le sujet d’une exposition petite mais très riche qui se tient jusqu’au 26 février à la Bibliothèque des littératures policières (Bilipo) à Paris. Le lieu s’y prêtant, de nombreux livres d’époque sont présentés mais l’exposition offre aussi à voir des écrits, dessins et objets divers qui rappellent cette sombre page de notre histoire. L’amateur d’archives remarquera une lettre de la communarde Louise Michel en date du 26 septembre 1871 ou un rapport de service sur la détention du colonel Dreyfus à l’île de Diable (apprenant que sa supplique au président de la République a été rejetée, "Dreyfus paraît interdit", écrit son gardien le 13 janvier 1896).
L’exposition rappelle que la France avait dès l’Ancien Régime déporté dans ses possessions d’Amérique mendiants, prostituées et autres indésirables, sans parler des opposants et prêtres réfractaires envoyés en Guyane pendant la Révolution. Mais c’est avec l’expansion coloniale au XIXe siècle que le mouvement prend toute son ampleur : l’Algérie dès sa conquête en 1830 accueille des milliers de condamnés militaires puis les insurgés de 1848 et les opposants politiques. En 1852, on commence à vider les bagnes métropolitains à destination de la Guyane et de la Nouvelle-Calédonie. La République accentue le mouvement, peuplant tout l’Empire, de la Tunisie au Tonkin, de Madagascar aux Saintes et à l’île du Diable, de ces camps de relégation où des centaines de milliers de condamnés font l’expérience du travail contraint. Tous ces lieux figurent sur une carte géante qui clôt utilement l’exposition.
Bilipo, 48-50 rue du Cardinal-Lemoine, Paris 5e
Du mardi au vendredi de 14h à 18h, le samedi de 10h à 17h. Entrée libre.
Exposition produite par Paris bibliothèques /www.paris-bibliotheques.org
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