Cet ouvrage, issu d’une thèse de doctorat, s’intéresse à l’histoire de l’enfance et des femmes à travers l’exemple des Côtes-du-Nord, département rural très pauvre durant le XIXe siècle, imprégné de catholicisme. Si les statistiques placent ce département parmi les moins confrontés au phénomène de l’abandon, cela n’a pas empêché les autorités de vouloir éradiquer cette pratique.
Les limites chronologiques de cette étude sont dictées par la législation en vigueur concernant l’Assistance Publique, de sa création par décret impérial du 19 janvier 1811 (prévoyant l’anonymat de l’abandon) à la loi capitale du 27 juin 1904 de Paul Strauss (création du pupille de l’état et mise en place des tutelles administratives).
L’auteur a dépouillé les séries X et H du dépôt des Archives départementales : 1.086 procès verbaux d’exposition et 1.319 procès-verbaux d’admission des différents hospices du département (riches de détails sur les circonstances de l’abandon et le milieu socio-économique des mères), et 146 livrets individuels de pupilles (relatant des éléments sur leur vie quotidienne).Ainsi, elle articule son propos en trois parties :
- la première, "Abandonner", définit les principales formes d'abandon (secret ou déclaré) et ses causes ;
- la seconde, "Accueillir", décrit les modalités des admissions à l'hospice ;
- la troisième, "Elever", dépeint les conditions de vie des enfants abandonnés (les nourriciers, les soins, le devenir de ces enfant).
Une étude passionnante, qui dépeint une société catholique intransigeante à l’époque, et montre bien la transition entre philanthropie et encadrement du service de l’assistance par l’Etat.
L’abandon d’enfants. L’exemple des Côtes-du-Nord au XIXe siècle, Isabelle Le Boulanger, Presses Universitaires de Rennes, mars 2011, 20 euros.
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