Il y a quelques jours, plusieurs annonces alléchaient les généalogistes et notamment ceux qui ont leurs racines en Suisse : Neuchâtel ouvre son portail d'archives en ligne ! Désormais, plus de 115.000 documents historiques neuchâtelois sont consultables sur Internet ! Hélas, en Suisse, c'est avec lenteur qu'il faut se précipiter. Plusieurs services publics d'archives se sont bel et bien unis pour ouvrir un portail d'archives. Il s'agit de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel et les Archives de l'Etat. Et il s'agit sans aucun doute d'un portail d'archives. Hélas, celui-ci ne propose que des inventaires et aucun document numérisé !
Les 115.000 documents historiques neuchâtelois sont tout simplement des descriptions précises des fonds conservés par ces institutions. Ces descriptions sont certes très utiles à celui ou celle qui souhaite se rendre sur place en salle de lecture pour consulter les documents originaux. Mais ces inventaires, aussi précis soient-ils n'apportent qu'une seule information aux chercheurs : oui, des documents susceptibles de vous intéresser sont bien disponibles. Mais ils ne sont pas numérisés et seule leur description figure sur le portail, mais pas leur contenu.
Alors, les 600 fonds d'archives écrites, iconographiques et audiovisuelles conservés dans les trois institutions patrimoniales neuchâteloises, les actes officiels dont l'état civil, les pièces comptables, les correspondances, les journaux anciens, les photographies et même la "Filmographie neuchâteloise", un outil de référence qui décrit l'ensemble des films liés au canton, tout cela est conservé bien au chaud, mais ne sert finalement qu'aux habitants du canton. Les autres n'ont qu'à faire le voyage à Neuchâtel...
Cette annonce un peu décevante ne fait que raviver la demande des généalogistes en faveur d'une politique suisse plus active de numérisation des fonds d'intérêt généalogique : état civil, cadastre, notariat, etc. En Suisse, les possibilités de consultation en ligne de ces fonds restent encore très limitées. Par exemple, les archives de l'état de Genève sont en ligne et permettent de visualiser de nombreux documents tels l'état civil, le cadastre et quelques minutes de notaires de Genève et tout son canton (en tout 45 communes). Ou encore la Croix-Rouge qui a publié à l'été 2014 les archives des prisonniers de guerre, mais le contenu ne concerne guère les Suisses... Pour les recherches dans les autres cantons suisses, c'est plutôt vers les associations, les généalogistes professionnels ou le site des Mormons Familysearch (recensements de Fribourg, par exemple) qu'il faut se tourner.
Retrouvez les liens vers les archives suisses de chaque canton sur le site www.genealogiesuisse.com.
@Julien Pomart : Merci beaucoup. Je suis tout à fait d'accord avec vous, des inventaires de qualité, rédigés pour le grand public, c'est déjà un premier pas très intéressant. Il est hélas encore peu souvent franchi par les services d'archives. Permettez moi d'exprimer à présent mon point de vue de généalogiste : les archives ont beaucoup à gagner en visibilité en numérisant et publiant leur état civil ancien. Libre à elles de se servir ensuite de ce marche-pied pour valoriser leurs autres fonds et attirer les visiteurs réels dans leurs salles de lecture. Sinon, pour le cas particulier des archives de Neuchâtel, c'est bizzarre d'évoquer un problème d'argent dans ce pays où il ne semble pas faire défaut !
Rédigé par : Guillaume de Morant | 13 mars 2015 à 11:48
Je vais vous livrer mon point de vue d'archiviste:
- disposer d'inventaires électroniques, c'est déjà un premier pas, d'autant plus si ceux-ci sont de bonne qualité.
- numériser, cela a un coût. Les finances de Neuchâtel permettraient-elles une opération à quelques millions d'euros? (pardon pour la monnaie, je chiffre par rapport au marché français)
Rédigé par : Julien Pomart | 13 mars 2015 à 11:31
Cette résistance suisse à la mise en ligne de l'état-civil est d'autant plus frustrante pour les chercheurs, qu'ils ont fait par ailleurs des efforts considérables pour numériser de monstrueuses collections de journaux francophones dont certains existent depuis plus de 200 ans... ceci avec des moteurs de recherche super efficaces et une qualité de numérisation couleur introuvable en France dans le domaine des vieux journaux.
Ces inventaires d'archives de Neufchâtel sont non seulement totalement inutiles quand on n'habite pas Neufchâtel, mais manifestement réservées à l'usage des archivistes diplômés. Bon courage pour trouver la référence qui vous intéresse dans des documents à l'intitulé obscur du type "SNEP MS 6025" et autre codes ésotériques du même genre ! J'ai tenté le coup mais là franchement j'ai abandonné la visite de cette forêt vierge archivistique.
Rédigé par : Mille ans à Bouhet | 12 mars 2015 à 22:15