Vous la connaissez la lettre de Guy Môquet ? Vous n'avez pas pu échapper à sa soudaine notoriété, que vous soyez ou non supporter de l'équipe française de rugby. Propulsé au rang de document de référence par le président de la République, ce courrier écrit par le jeune fusillé communiste, la veille de sa mort, le 22 octobre 1941, sera lu ce même jour dans toutes les écoles, 66 ans après.
Dans son édition du 1er octobre 2007, le quotidien Libération confirme l'existence d'un deuxième exemplaire de cette lettre. Une information révélée par le même journaliste, Edouard Launet, le 6 juin dernier :
C'est une feuille de papier jauni, avec un quadrillage rectangulaire. Elle est couverte de bas en haut d'une belle écriture scolaire, au crayon à papier. [...]Alain et Anne-Marie ont retrouvé la lettre en rangeant les affaires de Prosper Môquet, le père de Guy et d'Anne-Marie. En 1960, Prosper avait adopté la fille de sa seconde épouse : c'est ainsi qu'Anne-Marie est devenue la soeur de Guy Môquet, sans l'avoir jamais connu. C'est à elle qu'est revenu de trier les affaires de Prosper, mort en 1986 à Bréhal, près de Granville. Mais ce n'est que récemment [en 2002] qu'elle et son mari Alain ont découvert cette feuille de papier, pliée en quatre dans le portefeuille de Juliette Môquet, première épouse de Prosper et mère de Guy.
Alors, quelle est la vraie lettre ? Celle conservée au musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (94), l'un des sept sites consacrés à ce sujet sur le territoire français, ou celle découverte dans le portefeuille ? Le plus probable est que la lettre à l’encre est une recopie par la mère du texte original au crayon, comme en témoigne dans Libération Guy Krivopissko, auteur d'un livre sur les lettres de fusillés :
Ces recopies étaient fréquentes à l’époque. C’était le seul moyen de faire circuler les textes de fusillés dans les familles et dans la Résistance. Ces dernières lettres étaient, pour la plupart, écrites au crayon sur un mauvais papier. On se transmettait les copies à l’encre au cimetière, lors de l’enterrement.
Pour mener à bien un travail scientifique approprié, le musée de la Résistance nationale dispose, depuis la fin juillet, de la totalité des archives de Guy Môquet, de ses parents et de son jeune frère Serge, soit quatre mètres cubes de correspondances, photographies, dessins, peintures, objets, etc. Une partie de cette donation de la famille Môquet-Saffray (classée à la série 85 AJ de la section contemporaine des Archives nationales) sera exposée à partir du 23 octobre, lendemain de la lecture de l'ultime écrit du jeune fusillé dans toutes les écoles.
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