La Journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, fixée au 10 mai, aborde sa troisième édition. Le Comité pour la mémoire de l'esclave a listé une série de manifestations sur son site Internet. L'intitulé (à rallonge) de cet évènement traduit la souffrance sous-jacente à cette période de l'histoire et le nécessaire dosage pour rassembler, car ce sujet touche à l'identité même des esclaves et de leurs descendants.
L'association CM98 a préféré la date du 23 mai pour célébrer la Journée nationale dédiée aux victimes de l'esclavage colonial. Guyanais, Réunionnais et Africains célèbrent ainsi la mémoire de leurs aïeux. Le président, Serge Romana s'en explique ainsi :
Les Antillais connaissent très rarement leurs ancêtres et donc la signification de leurs noms. Il y a là une absence totale d'affiliation. Nos recherches se basaient alors sur deux piliers : le premier était la bibliographie et le deuxième la généalogie. Notre objectif était de colorer cette généalogie en mettant des noms à notre histoire.
Léonora Miano, prix Goncourt des lycéens en 2006, attribue à l'histoire la difficile relation entre les Antillais et les Africains. Dans une interview accordée à Afrik.com en 2007, la lauréate estimait que :
C'est une blessure qui s'agrandit davantage quand [les Antillais] se rendent en Afrique et quand ils s'aperçoivent que les Africains les rejettent parce qu'ils sont des descendants d'esclaves. Parce qu'en Afrique la généalogie, c'est très important. Or, un Antillais ne peut pas retracer sa généalogie comme un Africain, parce que son histoire a été interrompue à un moment.
Le ministère de la Culture apporte sa pierre à l'édifice avec la publication d'un Guide des sources de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. Cet ouvrage, qui recense les principales ressources disponibles aux Archives nationales et dans différents services départementaux, fait la fierté de la directrice des Archives de France. Martine de Boisdeffre en témoignait récemment dans un article consacré à ce sujet dans La Revue française de Généalogie n° 171 (août-septembre 2007) :
Il s'agit en premier lieu de faire entrer l'ensemble de la mémoire de la traite et de l'esclavage dans l'histoire de la France. Vous l'avez remarqué : j'emploie les mots "mémoire" et "histoire" dans la même phrase. Mais j'espère justement que ce guide permettra d'éviter les confrontations stériles entre discours mémoriels et discours historiques. Je veux aussi permettre à chacun de travailler sur cette période méconnue et très complexe de notre histoire.
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