La création du 101e département français est en bonne voie : fin mars, les Mahorais ont approuvé le projet de départementalisation de Mayotte (lire l'article du journal Le Monde ici). Cela induit une série de changements juridiques, avec l'adoption du droit commun au détriment des préceptes de la religion musulmane qui régissaient la vie des habitants depuis plus de 150 ans.
L'état civil est directement concerné par cette évolution, comme nous l'explique Michel Delberghe dans l'édition du Monde datée du 28 mars 2009 :
Dès 2001, une commission de révision de l'état civil (CREC), présidée par un magistrat et composée de 39 personnes, s'est mise à l'ouvrage. Commune par commune, elle tente de reconstituer l'histoire et de donner une nouvelle identité aux Mahorais inscrits jusque-là sur une "carte jaune" délivrée par les cadis. La CREC doit rechercher les documents ou les preuves, y compris orales, qui remontent sur une période de quatre-vingt-dix ans pour les actes de naissance, cinquante ans pour les mariages et trente ans pour les enterrements. La tâche est d'autant plus complexe que les anciens registres se révèlent approximatifs. Dans la tradition musulmane, on est "fils ou fille de", sans patronyme. On naît "vers...", sans autre indication qu'une date incertaine ou la référence à un événement climatique.
Les missions parlementaires du Sénat, à l'automne 2008, et de l'Assemblée nationale, en février, ont découvert avec effarement des documents endommagés par les termites ou les intempéries. Voire inexistants après le transfert de la capitale de l'archipel de Dzaoudzi (Mayotte) à Moroni (Comores) jusqu'à l'indépendance en 1974.
Le choix d'une nouvelle identité a révélé des surprises. L'absence de concertation dans certaines familles a produit des dénominations différentes. La polygamie, interdite depuis 2005, a aussi été source de difficultés. "Nous avons enregistré des Chirac, des Thuram, et des Zidane, mais pas encore des Sarkozy ou des Obama", note Haïdar Attoumani Saïd, responsable du service de la ville de Koungou, au nord de l'île. Il relève aussi la difficulté de faire comprendre des actes rédigés en français par une majorité de gens qui ne parlent pas la langue.
Les élus espèrent achever l'opération fin 2010, mais des doutes persistent. Une autre échéance est fixée à 2014, date de l'instauration des impôts locaux, pour la révision des registres du cadastre, de l'enregistrement du foncier et des titres de propriété inexistants.
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