Fruit de presque 20 ans de recherches, le livre d’Antoine Follain est destiné à marquer l’histoire rurale française, tant il remet de questions en perspective. A travers cette somme, qui n'existait pas, sur le cadre de vie de l'écrasante majorité de nos aïeux, le village, l’auteur aborde les thèmes suivants : le contrôle social au sein des communautés villageoises, le poids des autorités religieuses et seigneuriales, les traditions régionales, etc. Il traite toute la période dite "moderne", du XVIe siècle à la Révolution, avec une nette préférence pour les XVIe et XVIIe siècles, parents pauvres de l’histoire rurale, sans se couper de la période médiévale.
Les chapitres 3 à 10 proposent un parcours qui part d’une étude de la vie sociale des communautés pour rentrer peu à peu dans les rouages complexes de la "politique" au village, la vie politique tirant ses caractéristiques de cette densité et de cette intégration très forte de la communauté. Ce travail invite l’auteur à dénoncer un certain nombre d’erreurs de perspectives et de fausses questions qui encombrent les travaux. La première question qui fait l’objet d’un nouvel examen est celle de la "municipalisation" des communautés, sur laquelle l’auteur s’attarde dans le douzième et dernier chapitre.
Quiconque espérerait trouver la chronique nostalgique de la vie villageoise disparue serait forcément déçu. Ce livre est d’abord dirigé vers les chercheurs ou les étudiants qui pourraient s’intéresser à l’histoire rurale. Il refuse, dans la mesure du possible, toutes les simplifications et les généralisations, ce qui rend la lecture passionnante, mais parfois technique et ardue. Le livre est donc aux antipodes d’une histoire linéaire de la vie rurale, même s’il débouche sur un plan partiellement chronologique.
L’ouvrage est doté d’une bibliographie abondante passée en revue petit à petit, ainsi que d’unindex topographique et de notes critiques.
Le village sous l'Ancien Régime, Antoine Follain, Fayard, 2008, 27 €.
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