"Chéri, devine qui vient sonner ce soir ? Le généalogiste ! Et il vient annoncer une bonne nouvelle : tu es héritier dans une succession et tu vas toucher le gros lot !" Cette scénette touchante que l'on imagine se jouer chez un jeune couple "qui en a bien besoin" résume tous les clichés sur les généalogistes successoraux. Cette profession méconnue, aimée par certains, honnie par d'autres et régulièrement menacée consiste à rechercher les
ayants-droits dans les successions sans héritiers connus (quand une personne meurt sans enfants, ni parents connus et sans faire de testament). Pour débusquer l'héritier, le professionnel utilise la généalogie et s'appuie sur les actes d'état civil pour établir les liens de parenté. Car pour hériter, il faut être parent avec le
défunt, en ligne paternelle ou maternelle, mais au maximum jusqu'au 6e degré (par exemple, cousin issu de germain).
Cliché 1 : personne ne vient sonner chez vous. Si vous êtes concerné, vous recevez d'abord un courrier. Deuxième idée reçue : non, la fortune n'est pas au bout du contrat. Le premier héritier est d'abord... l'État qui empoche généralement 60 % de droits dans ce genre de succession. Même si certains héritiers se retrouvent comme cette mamie Corse à mélanger les anciens francs et les euros (avec 800.000 euros, je pourrais m'acheter une nouvelle voiture ?), la plupart des héritiers perçoivent quelques centaines d'euros, une fois tous les frais payés, y compris les honoraires du généalogiste.
Et c'est parfois là que le bât blesse. Un contentieux de plus en plus fréquent vient entacher les relations entre héritiers et généalogistes professionnels. La profession, même si elle n'est pas réglementée, est de plus en plus organisée (avec notamment l'existence d'une union de syndicats voir le fichier PDF des notaires ici). Et si la Justice reconnaît la plupart du temps la validité de la démarche du généalogiste, certaines décisions sanctionnent des abus. Car avant de vous révéler le nom du tonton d'Amérique ou d'ailleurs, le généalogiste vous fait signer un contrat garantissant ses honoraires, cela s'appelle un contrat de révélation. Attention, la part du professionnel peut atteindre 40 %. De toute évidence, ce type de contrat ne se signe pas les yeux fermés. Le meilleur conseil donné par les généalogistes successoraux eux mêmes, c'est de contacter son notaire pour vérification du sérieux de la proposition. Et puis de creuser un peu sa mémoire. Mais l'exercice est difficile, comment savoir si c'est la tante acariâtre qui vous lègue son bas de laine ou bien un cousin inconnu qui vous laisse quelques biens ?
Mais une fois le contrat signé et au delà du délai de rétractation, inutile de revenir en arrière. Les honoraires du généalogiste ne sont pas usurpés et récompensent parfois des années de travail. A trop vouloir contester, certains ayants-droits ont vu fondre leur héritage comme un glaçon au soleil, comme le montre l'instructive lecture du blog de cet avocat spécialisé...
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