Les cas de l'Ain, du Bas-Rhin et la Sarthe (déjà évoqués sur ce blog) ne seraient pas isolés. Dans son édition du 4 novembre 2009, Charlie Hebdo alerte sur les pandémies "plus effrayantes que le virus H1N1" qui frappent le papier et les documents d'archives. "Les difficultés les plus spectaculaires se posent aux Archives départementales de la Réunion : le bâtiment a été infecté de saloperies en tout genre, moisissures, champignons, problèmes sanitaires, et il n'est pas encore au bout de ses peines", explique Christophe Jacobs, archiviste spécialisé dans la gestion des risques.
A lire cette pleine page de l'hebdomadaire satirique, le pire est à venir. Son auteur, Marine Chanel, dresse une minutieuse liste des dangers auxquels doivent faire face les archivistes : la lumière, la pollution, les 180 types de champignons, les substances chimiques (encres métalliques, acidités des scotchs, des colles, etc.), les termites et les rongeurs... Rien de particulièrement nouveau pour ceux qui fréquentent assidûment les salles de lecture.
Mais, ce sont en fait les documents déposés récemment qui devraient subir les plus graves dégradations, selon Raphaël Benoît (chargé de reliure et restauration aux Archives de Lyon), interrogé par Charlie Hebdo :
Jusqu'au XIXe siècle, le papier était fait à base de chiffon et ne bougeait pas. Puis on est passé au papier-bois, meilleur marché, mais qui jaunit et se casse rapidement. Résultat : paradoxalement, on a beaucoup plus de mal aujourd'hui à conserver des documents datant des années 1950 que du Moyen Âge.
Donc, à en croire ces spécialistes, malgré les mesures de conservation scrupuleusement appliquées, les prochaines générations de chercheurs et de généalogistes devraient s'attendre à quelques surprises...
Image : Montage de la couverture et du dessin illustrant l'article.
Je peux en rajouter une couche ?
Ne pas oublier non plus que nous sommes une génération de l'informatique. Qui peut encore lire les anciens supports ? Avons-nous tout basculer d'un support à l'autre ? Si non, avons-nous conservé en bon état de marche les outils informatiques nous permettant de le faire ? Qui se souvient encore des cartes perforées, pour ne prendre qu'un exemple ?
En bref, entre les supports informatiques et les supports papier périssables, avec en outre le tri opéré par les archives, tri nécessaire vu l'explosion exponentielle des documents que nous produisons, ne sommes-nous pas en train de perdre de l'information ?
Et si nous étions dans l'avenir la génération qu'ils connaîtront le moins ?
Rédigé par : Stéphane Cosson | 08 novembre 2009 à 11:26