Quand on dit que la France a l'une des diplomaties les plus efficaces du monde, ce n'est pas une réputation injustifiée... Pour preuve de la justesse des analyses de notre Quai d'Orsay, regardez donc la finesse du compromis inventé pour restituer ces fameux manuscrits coréens, tout en ne les restituant pas... Nous avions évoqué cette histoire ici en février, en voici l'épilogue. Les manuscrits saisis en Corée par les militaires français en 1866, en représailles au massacre de missionnaires vont tout simplement être prêtés pour 5 ans à la Corée. Plus exactement, 296 volumes de ces manuscrits vont s'envoler vers Séoul, rejoindre la cote de la BNF "Coréen 2495". Ce premier manuscrit remis au gouvernement coréen en septembre 1993 avait servi d'élément de négociation au Président Mitterrand pour vendre la technologie française, en l'occurrence, le TGV. Les Coréens avaient tenu parole, construit la ligne de TGV entre Séoul et Pusan. Restait à honorer les engagements de notre feu Président. Geste symbolique, c'est son neveu Frédéric qui est à la manoeuvre. Les registres sont prêtés pour 5 ans, mais le prêt est renouvelable indéfiniment, ce qui revient à "sauver la face" des deux parties. La France reste propriétaire des manuscrits, la Corée les garde chez elle. Quand aux spécialistes, ils peuvent toujours les feuilleter virtuellement sur Gallica, où les 30 registres les plus précieux ont été numérisés.
Image d'illustration : feuillets 9 et 10 du "Coréen 2535" (co2535, Bibliothèque nationale de France).
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