Dans la généalogie, le milieu associatif est en crise. Pourquoi le nier ? Les problèmes nouveaux ou anciens s'accumulent au point d'obscurcir un horizon qui, vu sous un autre angle pourrait être tout à fait favorable. Alors que la généalogie n'a jamais attiré autant de nouveaux chercheurs d'ancêtres, quantité de problèmes annexes restent à régler, dont certains émergent parfois, comme cette question d'organisation et de centralisation du mois de la généalogie. Et il y a surtout un gros problème de fond.
Mais commençons par les petites choses. Les associations de généalogie, même si elles sont adhérentes de la fédération ne communiquent pas ou peu entre elles. Les échanges se limitent souvent à quelques réunions entre présidents de la même région. Pourtant certaines associations font preuve de beaucoup d'imagination et déploient force d'énergie pour lancer des actions qui remportent un franc succès... dans leur département. Mais en dehors de cette frontière géographique, qui le sait ?
Des exemples ? L'Entraide Généalogique du Midi Toulousain est l'auteur d'un remarquable logiciel de présomption de cousinage par les couples. Dans le Cantal, Aprogemere a abandonné toute idée de bulletin papier au profit d'une lettre électronique d'information et forum avec "Questions-réponses" en temps réel. Dans le 17, le CGAS a entièrement dépouillé le fichier des départs vers le Canada. En Corse, les bénévoles de RHFC ont inventé le dépouillement collectif en projettant au mur les actes difficiles à lire en latin et italien, afin que la traduction soit approuvée à l'unanimité...
J'arrête ici l'énumération des expériences non partagées au département n°20. Mais des exemples comme ceux-ci se trouvent à la pelle, depuis la Côte d'Or jusqu'au Val d'Oise et aussi en Martinique, Guadeloupe ou à la Réunion. Il suffit d'interroger les associations. Mais qui profite de ce retour d'expérience, à qui sert ce savoir-faire et donne envie à d'autres structures associatives de se l'approprier ? Ce manque de dialogue et cette farouche volonté d'indépendance laissent le terrain à de nombreuses autres initiatives, souvent commerciales. Et qui sont les premiers à le regretter ? Evidemment les plus ardents défenseurs de la cause associative !
Un autre problème annexe est le faux débat sur la crise du recrutement des associations. Faux débat, car jamais les associations n'ont eu autant d'adhérents. Selon la fédération, il y a maintenant 62.482 généalogistes membres d'une association en France. Le vrai débat, c'est le turn-over et le comportement "clic and go" : j'adhère pour un an, je profite à fond de ce qui m'est proposé et je m'en vais pomper une autre structure ! Certains généalogistes se livrent même à un petit calcul sordide : choisir l'association qui donne le plus de points GeneaBank contre la cotisation la moins chère possible ! Nous ne donnerons ici pas de nom des associations "rentables" pour le consommateur de points, mais le profil est toujours le même : une association avec peu d'adhérents et disposant de nombreux relevés.
Tout cela pose la question de la pertinence du modèle associatif qui peine à évoluer. Au point même que de nombreux nouveaux généalogistes estiment pouvoir se passer de toute structure "à l'ancienne" et se débrouiller seuls. D'autres ont inventé un nouveau modèle, l'association qui n'en est pas une, les bénévoles qui se réunissent sans se voir ni s'entendre ni même se parler, mais s'écrivent des mails ou "chattent" sur le forum qu'ils ont créé. Un site Internet sert de local et propose à tout passant des relevés, des pages d'initiation, des conseils adaptés au terroir. Pourquoi pas ? L'ironie du sort est que parfois ces associations qui-n'en-sont-pas sont contraintes d'adopter le statut légal de la loi de 1901 afin de s'administrer plus rigoureusement quand elles prennent de l'ampleur. C'est le cas par exemple de la plate-forme Lisa 90 dans le Territoire de Belfort.
Mais le plus ennuyeux n'est pas là. La généalogie associative en France souffre d'un problème de fond qui touche à son avenir. Certains vont sursauter en lisant ces lignes, mais l'immense travail de relevé de l'état civil ancien est en voie d'achèvement. Oui, dans certains départements, on en voit le bout ! Baptêmes, mariages et sépultures de l'Ancien Régime rejoignent les naissances, mariages et enterrements de l'état civil moderne, dans une même et immense base de dépouillements. Gratuite ou payante, cette base est accessible chez Patro.com, GeneaNet, GeneaBank ou BigeNet. Elle grossit tous les jours...
Que va t-il se passer après ? Dans quel nouveau chantier les associations vont-elles se lancer ? Toutes ont un avis sur la question, mais aucune ligne décisive d'avenir ne se dessine. Certaines ont décidé de jouir tranquillement de rentes financières conséquentes, en quelque sorte une retraite bien méritée... D'autres associations estiment que leur travail de toutes les façons n'était pas là, mais plutôt dans la formation des nouveaux généalogistes et l'accompagnement des autres par l'entraide. Enfin, certaines se posent des questions. L'expérience accumulée durant plus de 20 ans de dépouillements systématiques ne peut-elle pas être reportée sur d'autres sources ? On pense bien sûr aux actes notariés, mais aussi à l'ensemble des sources susceptibles d'intéresser les généalogistes comme les archives militaires, administratives ou judiciaires.
Mais va t-on encore trouver longtemps des passionnés capables de passer de nombreuses heures dans les salles d'archives à écumer les registres et recopier un à un les noms des personnes inscrites ? Ce modèle là justement n'a t-il pas beaucoup vieilli et l'heure n'est t-elle pas à la division des tâches ? L'un prend son appareil photo et prend les clichés, l'autre réceptionne les fichiers numériques et les met en ligne sur un site Internet et des dizaines de bénévoles transcrivent en ligne le soir ou le dimanche depuis leur cabane au Canada ou du fond du Berry. Ce modèle fonctionne ça et là, mais sans outil unifié, ni retour d'expériences. Et surtout sans organisation, ni vision globale.
Le vrai défi des associations est donc de se trouver un chantier d'avenir, attirant pour les nouveaux adhérents et aussi motivant pour tous ceux qui ont déjà tant et tant donné. Les associations sont-elles prêtes ?
Bonsoir
vous dressez un tableau un peu noir, certes un peu vrai.
Sachez néanmoins qu'il existe aussi des associations qui tentent de fédérer membres et non membres d'associations d'une même région et ceu grauitement (donc sans cotisation). L'équilibre est parfois difficile à trouver, certaines associations ont beaucoup beaucoup de mal à prendre le tournant internet (et à lâcher le minitel)
B CREPEL
Association GenNPdC
http://www.gennpdc.net
(8 années d'existence au service des génélaogistes du NPdC et tout GRATUITEMENT)
Rédigé par : CREPEL | 27 octobre 2007 à 13:07
Le petit calcul sordide dont tu parles est d'autant plus stupide, que l'adhésion à un cercle devrait être aussi largement motivée par la qualité de son bulletin. Seul un bulletin permet de diffuser des articles érudits sur les conditions de vie, les métiers, les dynasties, les guerres, l'histoire locale, etc.
Il faut différencier se comporter comme un collectionneur de date et se comporter comme un généalogiste, noter ses sources, formuler ses hypothèses et ses conclusions, partager son savoir, échanger ce que l'on a pu apprendre...
Rédigé par : Guillaume | 26 octobre 2007 à 19:15
Excellente idée que ce dictionnaire proposé par Michel D. La solution logicielle passe t-elle par Filiatus ?
Rédigé par : Philippe Pacaud | 24 octobre 2007 à 18:22
Merci Guillaume pour ce pertinent editorial. Le monde généalogique a su adapter les techniques marketing du monde de l'entreprise mais pas encore l'analyse stratégique du type : "Missions, Vision, Valeurs" pour redéfinir leur projet associatif d'une part, ni la démarche d'identification et de benchmark (comparaison) des "bonnes pratiques" permettant de progresser. Je vois cela comme un préalable avant de seposer la question du. modèle économique à envisager. Si le premier point est à mener cercle par cercle, le second devrait être il me semble une initiative fédérale. Enfin, on confond trop souvent marketing avec action promotionnelle. Mais les associations n'ont pas les moyens de se payer des consultants...
Rédigé par : Philippe Pacaud | 24 octobre 2007 à 18:19
Je partage cent fois cet avis. Leur avenir passe peut-être par la réalisation des dictionnaires généalogiques des communes de leur département.
Rédigé par : Michel Démorest | 24 octobre 2007 à 06:17