GénéInfos

Selon Christine Albanel, "en chaque Français, il y a un petit généalogiste qui veut avoir accès aux sources"

C'est la saison des voeux républicains. La ministre de la Culture et de la Communication s'est pliée à l'exercice ce lundi matin, face à un joli parterre costumé. Comme pour tordre le coup à l'image d'une culture qui donne toute sa place aux femmes, la gent masculine était présente en masse sous les dorures de la rue de Valois, les dirigeants des chaînes de télévision en tête.

En une poignée de minutes, Chritine Albanel a enchaîné les projets en cours, les défis à relever, les rapports à réceptionner... en assurant être à la fois dans l'esprit d'André Malraux, éternelle référence d'un ministère qui fêtera cette année sa 50^e bougie, et dans la dynamique de rupture initiée par le président de la République, cité à de nombreuses reprises.

Au chapitre du "patrimoine", la ministre de la Culture s'est félicitée de l'adoption par le Sénat, en première lecture, du projet de loi relatif aux Archives, "un projet de loi d'ouverture, a-t-elle souligné. En chaque Français, il y a un petit généalogiste qui veut avoir accès aux sources". Cette citation mérite d'être signalée... car les Archives en général et la généalogie en particulier sont rarement à l'honneur de ce genre de cérémonie.

Voici un aperçu de l'ambiance, grâce aux clichés pris par une photographe de la maison, Farida Bréchemier.

(c) Farida Bréchemier / MCC

Blessures d'archives, rêve d'éternité

Les archives de Montélimar (26) seront accessibles sur Internet, à partir du second semestre 2008, au terme des travaux de numérisation. Sont concernés : les délibérations consulaires de 1668 à 1790, des documents iconographiques (plans, cartes postales, photographies...) et des inventaires.

Pour accompagner au mieux le chercheur, le site Internet comprendra des fiches pratiques sur, par exemple, la généalogie cadastrale ou encore les recherche sur l'activité économique et artisanale. 
Le dispositif sera complété par un historique de la ville, un moteur de recherche et différentes actualités du service (expositions, acquisitions, des classements en cours, etc.).

En attendant, les Archives municipales proposent, en collaboration avec les Archives départementales du Vaucluse, une exposition didactique sur les "Blessures d’archives, rêve d’éternité". Jusqu’au 20 février 2008, à l’office du tourisme de Saint-Martin, les visiteurs découvriront les causes de dégradation et les mesures pour favoriser la prévention de ces problèmes. Une visite guidée est organisée sur rendez-vous.

Renseignements complémentaires : Exposition ouverte du lundi au vendredi de 9h30 à 12h15 et de 14h à 17h30 ; le samedi de 10h à 12h et de 15h à 17h. Office du tourisme, tél. 04.75.01.00.20.

(c) Bénédicte Albrecht (sous contrat Creative Commons).

Carlos né Dolto

Mort ce jeudi matin à l'âge de 64 ans, Carlos se nommait à l’état civil Yvan Chrysostome Dolto, pour se voir parfois appeler Jean-Christophe Doltovitch.

Son père, Boris Dolto, était un médecin d’une famille juive de Russie, qui avait fui le régime bolchevique. Etabli à Paris, il avait été un des pionniers, en France, de la kinésithérapie.

Sa mère était bien sûr Françoise Dolto, si connue pour ses travaux sur la psychologie des enfants, après avoir notamment travaillé sur la sienne (et avoir défini le poids de son oncle maternel, mort jeune durant la Première Guerre, qu’elle a nommé son "petit fiancé"). Fille d’un polytechnicien et de la fille d’un ingénieur allemand (Auguste Demmler, qui fut maire de Bourg-la-Reine, dans les Hauts-de-Seine), sa généalogie est connue, pour avoir été établie en 1995 par Myriam Provence.

Née Françoise Marette, elle était issue d’une lignée de fabricants de toile à Lisieux, originaires de Mortagne, dans l’Orne (issus du fils naturel d’une certaine Agnès Marette, baptisé en 1780). Elle comptait parmi ses ancêtres les familles suivantes : Marette, Bastard, Mouillard, Duval… (en Normandie) ; Landry et Lemery (Laymeries) à Paris ; Condé, Dutertre, Overnay… (Ile-de-France) ; Demmler, Keim, Fabricius… (Allemagne, Wurtemberg) ; Duvernoy, Beurnier, Brisechoux, Morel, Berdot, Nardin… (dans le Doubs).

Le chanteur Carlos avait une sœur : Catherine Dolto-Tolitch, connue comme médecin et comme écrivain.

Michèle Laroque découvre son histoire familiale ce soir sur M6

Michèle Laroque retrouve une certaine jeunesse. Le documentaire "Qui êtes-vous vraiment ?", diffusé ce soir à 23 h 45 sur M6 a été tourné il y a plusieurs années. Pour cette émission, la comédienne, actuellement à l'affiche du film d'Isabelle Mergault "Enfin veuve", est partie à la recherche de ses origines en remontant sur plusieurs générations, grâce au travail de la généalogiste professionnelle, Myriam Provence. Au fil de son voyage, du sud de la France à l’Europe de l’Est et aux États-Unis, elle a découvert des pans inconnus de son histoire familiale (vidéo). A apprécier ce soir sur M6... et seulement ce soir car la chaîne n'a prévu aucune suite.

En voici quelques images, réalisées par un photographe maison, Stéphane Masson.

(c) M6 / Stéphane Masson

La France en héritage de Gérard Boutet

Ecrivain et journaliste, Gérard Boutet nous livre dans cette encyclopédie populaire et rurale le travail d’une vie. Après avoir arpenté la France pour recueillir les savoirs ancestraux, transmis oralement entre générations, il retranscrit ces témoignages avec amour, délice et rigueur dans son dictionnaire.

Chaque entrée est soigneusement rédigée. Pour chaque métier est évoqué l’étymologie, la définition, les autres appellations, les patrons corporatifs, les patronymes évocateurs, les toponymes indicateurs, l’équipement, la géographie, le vocabulaire (expressions, dictons, proverbes) et autres anecdotes (recettes, chansons…). Les étapes de la vie ne sont pas en reste avec de longs articles sur le mariage, la naissance par exemple, évoquant les coutumes, les différences régionales, les légendes et autres croyances populaires.

Tout ce qu’il a pu sauver de l’oubli, il nous l’offre. Une érudition stupéfiante et accessible à tous, magnifiée par une iconographie riche et diverse (plus de 4.000 photos) : individus, ustensiles et objets, mobiliers, affiches, partitions. Chaque article est une bobine de fil que l’on défile indéfiniment, retraçant, sur un siècle, l’évolution des mentalités à travers la vie quotidienne et les mœurs d’une société rurale et artisanale, aujourd’hui disparue.

Gérard Boutet voulait « une encyclopédie affective » et « chaleureuse », « un recueil d’émotions retrouvées », sans tomber dans le passéisme : savoir d’où l’on vient pour aller de l’avant. Nous ne pouvons que rendre hommage à ce travail d’ethnologue, primé par l’Académie Française et l’Institut de France. Un déjà « classique » à ranger auprès du « Dictionnaire du monde rural » de Marcel Lachiver !

Le choix du libraire

Nous inaugurons une nouvelle rubrique en 2008. Régulièrement, Laurent et Olivier, tous deux libraires nantais spécialisés en généalogie, présenteront sur ce blog un ouvrage qui a retenu leur attention ou un coup de coeur qui mérite le détour.

Sans concession, ils donneront leur regard d'expert et de passionné, forgé depuis plusieurs années à la tête de la Galerie des ancêtres, pour vous guider dans vos lectures.

Rendez-vous dès demain pour découvrir La France en héritage de Gérard Boutet.

Géants de papiers

Le nouveau numéro de la revue Nos Ancêtres Vie & Métiers s'intéresse à un personnage clé pour bien des généalogistes : le notaire !

Spécialiste de l'Ancien Régime et de l'histoire judiciaire, Hervé Leuwers, l'auteur de ce dossier dense, y retrace au fil des siècles la constitution de cette profession souvent méconnue. Du notaire médiéval au service d'un maître aux activités quotidiennes du notaire républicain en passant par la fondation du collège des notaires ou la conservation des archives, c'est tout un système qui s'éclaire. Le propos se veut aussi clair et complet que possible, évitant tout vocabulaire technique et s'enrichissant de nombreux témoignages d'époque.

Ce numéro 29 de la revue est disponible en janvier-février 2008 en kiosque.

Christine Albanel ouvre un site de généalogie

A quelques heures de défendre le texte de réforme des archives devant les sénateurs, Christine Albanel annonce, dans une tribune publié par Le Figaro, l'ouverture prochaine d'un site consacré à la généalogie sur le portail Culture.fr ; il prendra sans doute la forme d'un onglet supplémentaire. La ministre de la Culture souligne que près de 20 millions de données généalogiques seront ainsi consultables gratuitement par tous. La nature de ces informations sera sans doute précisée dans les prochains jours.

Pour Christine Albanel, cette intiative, conjuguée à la réduction des délais de communicabilité inscrite dans le projet de loi, vise "à élargir les publics, répondre à l'intérêt passionné de nos concitoyens, dans une démarche d'ouverture et de transparence".

Les sénateurs débattent du projet de loi relatif aux archives ce mardi

Tout vient à point à qui sait attendre. Christine Albanel présente aux sénateurs, ce mardi 8 janvier 2008 à 17h, le projet de loi relatif aux archives, tant attendu par les généalogistes. Déposé en août 2006 par son prédécesseur, ce texte vise trois objectifs : donner un plus large accès aux archives (notamment en diminuant les délais de communicabilité), autoriser la conservation temporaire d’archives publiques par les sociétés privées et préciser le statut des archives des autorités politiques.

Les parlementaires ont profité de ce laps de temps pour auditionner les personnes concernées, au premier rang desquelles Martine de Boisdeffre et Pascal Even, au titre de leurs fonctions de directrice des Archives de France et chef du département de la politique archivistique. Parmi les autres protagonistes, citons Michel Sémentery, président de la Fédération française de généalogie, Christine Martinez, présidente de l’Association des archivistes français, des représentants du Conseil supérieur du notariat ou encore Bruno Delmas, auteur d’un ouvrage pertinent et acide sur la politique des archives depuis 30 ans.

Ces débats préparatoires débouchent sur le dépôt de trente-neuf amendements par la commission des Lois. Eric Ferra reproduit une synthèse de ces contributions, ainsi que le tableau récapitulatif de la réduction des délais de communication proposée par le projet de loi, sur son blog. De son côté, la commission des Affaires sociales assortit son avis favorable de quinze amendements.
Comme au Sénat, chacun peut donner son avis, une poignée d'élus a déposé treize amendements supplémentaires pour appuyer une revendication ou défense un aspect qui leur semble essentiel. Les uns refusent le gestion des archives intermédiaires par des entreprises privées ou souhaitent un libre choix du président de la République au moment de confier la gestion de ses archives (fondation ou archives publiques ?), tandis que d’autres militent pour l’ouverture des postes de directeurs de services départementaux d’archives aux conservateurs territoriaux du patrimoine (et pas uniquement aux conservateurs ou conservateurs généraux du patrimoine de l'Etat).

Tous ces débats sont à suivre en direct sur le site Internet du Sénat pendant les deux heures consacrées à ce texte qui suscite peu de polémique mais mérite un grand intérêt.

Les bébés gardent le nom du père

Depuis trois ans, les jeunes parents ont la possibilité d’adopter, pour leur nouveau né, un nom double composé des patronymes du père et de la mère ou tout simplement le nom du père ou de la mère. Mais la loi Gouzes fait peu d’adeptes. Les premières constations établies en juin 2006 par La Revue française de Généalogie se confirment. Delphine de Mallevoüe revient sur ce "fiasco" dans Le Figaro du 5 janvier 2008, à l’aide de plusieurs témoignages :

Pour Hélène, fonctionnaire détachée au bureau d'état civil de la clinique des Sœurs franciscaines de Versailles, "les gens pensent au micmac pour les générations d'après, à ce qui se passera quand leurs enfants se marieront et/ou donneront naissance à leur tour, à ce que deviendra l'unité de la famille". […] Pour Xavier Guillemot, directeur d'un cabinet de généalogie à Lorient, "la tradition du nom du père, selon le droit latin, est encore si ancrée en France qu'elle n'est pas près de changer".

Des parents, non mariés, peuvent trouver intérêt à cette double filiation. Mais ils semblent bien les seuls : "A croire que cette loi a juste été faite pour compliquer le quotidien des notaires, des officiers de l’état civil et des généalogistes", ironise un fonctionnaire de l’état civil interrogé par le quotidien.

Mêmes constats au Québec où la loi est plus ancienne. Catherine Handfield, journaliste à La Presse donne les derniers chiffres :

Alors que 21 % des nouveau-nés portaient un nom de famille composé en 1992, cette proportion a chuté à 12 % en 2005, selon l’Institut de la statistique du Canada. Et la descente semble se poursuivre pour la cuvée 2007. Des 475 enfants du Cahier des bébés 2007 publié dans La Presse de samedi, à peine 9 % portaient deux noms !

Sa consœur Lysiane Gagnon voit dans cette tendance "un retour au bon sens". Dans un billet publié dans le même journal, cette journaliste canadienne, connue pour ses chroniques en faveur du féminisme défend le choix du nom du père :

Pourquoi donner à un enfant le patronyme de son grand-père maternel plutôt que de reconnaître pleinement son géniteur? Choisir le nom du père permet à l'homme de confirmer sa paternité aux yeux de la société. C'est une reconnaissance symbolique dont les femmes n'ont pas besoin, elles qui ont porté l'enfant et lui ont donné naissance. Mais alors que la filiation maternelle a toujours été évidente, jusqu'à l'invention des tests d'ADN, rien ne garantissait aux hommes que l'enfant était bien le leur. Ce choix qui permet à l'homme d'afficher sa paternité renforce en même temps le lien qui l'unit à son enfant.