GénéInfos

Google utilise l'infrarouge pour numériser les livres

C'était une question sans réponse, un véritable mystère sur lequel Google ne laissait rien filtrer : comment le géant américain de l'Internet parvenait-il à numériser et à indexer autant de livres en aussi peu de temps ? Avec son programme Google Recherche de Livres, le moteur de recherche propose en effet des millions de livres indexés, parfois disponibles en téléchargement ou simplement par extraits, dont de très nombreux ouvrages en français susceptibles d'intéresser les généalogistes. Cette offre gratuite pour les usagers n'est d'ailleurs pas sans provoquer l'ire des ayants-droits parfois floués (qui ont obtenus récemment compensation)... Mais la question technique restait : comment font-ils ? La revue américaine Scientist vient de lever un coin du voile. Google utilise l'infrarouge !
Si vous avez déjà utilisé un scanner pour numériser un livre ancien relié (ou même un appareil photo), vous vous êtes aperçu que l'image obtenue est loin d'être plane. Du coup, votre logiciel de reconnaissance optique de caractère (OCR) fait ce qu'il peut, mais il n'arrive à retrouver le sens d'une phrase sur deux. Sans être parfaits, les résultats de Google semblent meilleurs en utilisant une méthode déposée en brevet aux Etats-Unis. Au moment de la numérisation, des capteurs infrarouges calculent les décalages les plus infimes de la page par rapport à un modèle plane et corrigent en direct chaque distorsion de pixel. Si vous n'avez rien compris, un schéma explique tout ici, la démonstration en vidéo, c'est là. Résultat, même scanné en chiffon, un texte paraît complètement plane. Le logiciel d'OCR n'a aucun mérite à lire correctement chaque mot ou presque !

Merci à Gizmodo pour l'info.

Les gentilshommes verriers en Languedoc et en France

Dès le XIV^e siècle, l’art du verre connut un essor considérable du fait de la raréfaction de l’or et de l’argent engendrée par la guerre de Cent Ans. En 1399, Charles VI donnent les premières lettres royales privilégiant les verriers ; puis en 1436, cette corporation acquiert de larges privilèges financiers. En effet, dès le départ, la législation encadre strictement cet artisanat et cette industrie : transmission de père en fils, interdiction de prendre un employé non noble, obligation de vendre uniquement dans leur verrerie, etc. En contrepartie, la fabrication est exemptée de toutes taxes ainsi que leurs biens.

Dans son livre, intitulé "Les gnetilshommes verriers en Languedoc et en France, Claude-Annie Gaidan en retrace les principales implantations en France en mettant l’accent plus particulièrement sur les verreries du Bas-Languedoc. Elle décrit l’organisation structurelle de la corporation, ainsi que l’aspect technique de la fabrication du verre. Fort d’une riche documentation, nous pouvons apprécier les multiples usages du verre : parfumerie, verres, bouteilles pour la viticulture, huiliers, objets sacrés (bénitiers), pacotille, etc. Le XVIII^e siècle sonne le glas, de façon temporaire, des verriers, accusés d’être de trop gros consommateurs de bois. Ils sont obligés de se délocaliser en montagne, afin d’utiliser du bois impropre à la consommation domestique.

La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à l’étude généalogique d’un grand nombre (une trentaine) de familles verrières (De La Roque, Girard, D’Aigaliers, les seigneurs de Couloubrines, etc.) qui ont transmis de génération en génération leur savoir faire. Au final, un livre intéressant  - apportant un éclairage complémentaire au numéro 25 de Nos Ancêtres - Vie & Métiers -, une très belle iconographie, un aspect généalogique précis (sources citées). Seul bémol : l’absence de plan qui entraîne des répétitions.

Les gentilshommes verriers en Languedoc et en France, Claude-Annie Gaidan, Lucie éditions, 2008, 26,50 €.

La liste de près de 90.000 déportés sur Internet

Une base de données en ligne inédite et précieuse ! La Fondation pour la Mémoire de la Déportation présente sur Internet le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression, qui recense, pour la première fois, tous les déportés partis de France, arrêtés par mesure de répression : résistants, politiques, raflés, otages, et parfois droit commun, quelle que soit leur nationalité.

Sans oublier les 793 déportés arrêtés par mesure de persécution, qui ne figuraient jusqu'à présent dans aucun mémorial français : les Juifs "conjoints d’aryennes" déportés sur l’île d’Aurigny, les Tsiganes et Juifs déportés depuis le Nord et le Pas-de-Calais, zone rattachée au Commandement militaire allemand de Bruxelles.

Ce sont ainsi 89.390 déportés qui sont présentés, soit par transports, soit par ordre chronologique avec, pour chacun d’eux, des informations concernant l’état civil, le parcours en déportation, le matricule au premier camp et le devenir.

Pour rechercher directement un déporté et les informations individuelles le concernant, cliquez ici. Pour recherche une liste de départs en déportation, cliquez ici.

Marianne dormait aux archives

On trouve tout aux Archives ! Un buste de Marianne, fabriqué en 1896 à la fonderie de Tusey en Lorraine, vient d'être retrouvé sous une étagère des Archives municipales d'Olonne-sur-Mer (85). A l'occasion de son nettoyage de printemps, le responsable, David Rabiller, est tombé sur ce specimen, oublié de tous, face contre terre, dans le sous-sol de la mairie.

Et ce n'est pas n'importe quel buste ! Il s'agit d'une réplique en fonte de fer moulée de la République n° 5, réalisée pour le centenaire de la Révolution française en 1889. Jusqu'alors, seul un exemplaire semblable était connu et répertorié par le ministère de la Culture (vous le trouverez à Athis-Mons, dans l'Essonne). Il en existe peut-être d'autres, mais ils se cachent du regard des citoyens.

Après quelques travaux de restauration, la Marianne a gagné sa place dans la salle de réception de la mairie vendéenne (où les élus pourront l'admirer lors du prochain conseil municipal du 11 mai prochain), au détriment d'un autre buste qui sera remisé ailleurs. Mais pas aux Archives, assurent les responsables olonnais.

(c) Mairie de Olonne-sur-Mer (85)

Nuit du 30 avril : nuit du diable

Appelée dans l’Est "nuit de saint Walbruge" et en Allemagne "nuit de Walpurgis", la nuit du 30 avril au 1^er mai avait pour nos ancêtres une terrible réputation. Elle était ni plus ni moins celle du diable.

C’était en fait ce jour-là que Satan était censé descendre sur terre, de préférence dans les lieux reculés, comme sur les sommets des montagnes – les "monts chauves" peuplés de ruines d’anciennes forteresses -, où il convoquait ses "âmes damnées", autrement dits ses "suppôts", terme désignant étymologiquement ses subordonnés, mais que l’on pourrait rapprocher de nos modernes "supporters".

Ces suppôts formaient essentiellement la grande smala des sorciers, de ceux que l’on nommait les "créatures du malin" ou encore les "peut", c’est à dire "ceux qui puent". Les archives des nombreux procès de sorcellerie relatent toutes les mêmes témoignages. Les sorcières avouaient s’oindre ce soir-là le corps d’onguents magiques, qui leur donnaient la possibilité de se rendre au lieu fixé pour le rendez-vous en chevauchant leur balai. Comme toutes avouaient ensuite s’être livrées à Satan, qui les avait "connues charnellement", en leur faisant éprouver son énorme sexe, à la fois glacé et recouvert d’écailles, qui les blessait terriblement.

Hystérie ou onirisme collectif ? Plusieurs spécialistes ont étudié ces sabbats diaboliques, autour d’un Satan parfois incarné par un bouc et qui en profitait, ce jour-là, pour donner à ses disciples diverses recettes de poudres maléfiques. Au retour, au petit matin, sorciers et sorcières traînaient sur les prés une guenille pour ramasser la rosée du 1^er mai, rosée réputée bienfaisante, mais qu’ils transformaient en substance nuisible et répandaient sur l’herbe de ceux à qui ils voulaient du mal et dont les vaches, en la mangeant, perdaient leur lait.

Terrifiés, la plupart de nos ancêtres se gardaient donc de sortir de toute la nuit. Mieux : beaucoup se prémunissaient contre les mauvais sorts possibles et avant de se coucher répandaient un peu partout du sel, à la porte de leur maison, comme dans les étables, écuries et poulailler, comme encore sur le dos des vaches et sur les barrières des prés et des champs. Et qui devait parfois mettre malgré tout le nez dehors, en mettait une poignée au fond de sa poche. Le sel, symbole de pureté et d’exorcisme et outil purificateur par excellence, était en effet le parfait antidote et à sa seule vue, le sorcier perdait ses moyens et s’éloignait sans demander son reste…

Alors, cette nuit, n'oubliez pas votrée pincée de gros sel...

Photo : Couverture de l'ouvrage de Jacques Roehrig, A mort la socière ! Sorcellerie et répression en Lorraine, ed. La Nuée Bleue, août 2007, 18 € (avec "2.300 noms sortis de l'oubli")

Un nouveau bâtiment pour les Archives de Bordeaux

A l'horizon 2014, les Archives de Bordeaux changeront de rive. La municipalité envisage le réaménagement de la Halle aux farines (partiellement détruit par un incendie en juin 2008), sur la future ZAC Bastide 2, pour installer son centre d'archives, actuellement à l'étroit dans le petit hôtel de Ragueneau, ainsi occupé depuis 1939.

La capacité d'accueil sera multipliée par quatre, avec une salle d'exposition et deux salles pour les groupes (dont une adaptée aux enfants). Les Archives disposeront ainsi d'un bâtiment, à consommation énergique réduite, de 5.200 m3, dont 3.300 dédiés aux magasins. Pour l'instant, le chercheur peut sembler septique devant cette zone en friche. Mais, d'ici quelques années, cet éco-quartier Bastide-Niel devrait offrir un autre visage, une fois les projets de travaux urbains achevés. Le coût de cette opération est évalué à 18,5 millions d'euros.

Un transfert de l'état civil conservé au greffe de Paris ?

Les principales institutions judiciaires de Paris, installées sur l'île de la Cité (dont elles occupent un tiers du périmètre), souffrent d'un manque criant d'espaces pour mener à bien leurs activités. Pour y remédier, la création d'un nouveau palais de justice est envisagée.
Un projet que ne partage pas le bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris. Dans une interview publiée cette semaine dans Le Figaro (lire l'article ici), Christian Charrière-Bournazel privilégie plutôt un regroupement des bibliothèques et un déménagement des registres d'état civil conservés par le greffe, pour ouvrir de nouveaux bureaux : "Il existe sous les toits du palais plusieurs milliers de mètres carrés où sont logées, depuis 1884, les archives de l'état civil de Paris. En libérant ces espaces, on réglerait certainement une grande partie du problème."

Le bâtonnier a-t-il réellement mesuré la surface de cet étrange labyrinthe - malicieusement baptisé "le sous-marin" pour son architecture composée d'échelles et de passerelles - perché dans les combles du palais, juste derrière l'horloge, où se côtoient policiers et généalogistes professionnels ? Ici est conservée l'une des deux collections de registres d'état civil (l'autre est tenue par la commune), datée de 1883 à nos jours, avant d'être versée aux Archives de Paris. Sans aller jusqu'au transfert, le greffe profitera peut-être de la réduction du délai de communicabilité (et donc du délai de versement, dès que les ministères auront adapté leurs textes à la nouvelle législation), passé de 100 à 75 ans l'été dernier (lire note note à ce sujet ici), pour se délester d'une partie de son fonds...  Mais cela ne règle en rien les problèmes d'exiguïté du palais de justice.

Retrouver ses ancêtres par l’ADN

Les éditions Autrement publient un nouvel opus de leur collection "Généalogies", consacré à l’ADN. Et autant le dire de suite, Guillaume de Morant nous offre un livre très intéressant sur la question. Il part d’interrogations légitimes sur le bien fondé de la génétique pour les recherches généalogiques. Est-ce sérieux ? Quelles certitudes scientifiques ? Les résultats ont-ils une valeur ?

Depuis quelque temps, fleurissent sur Internet des sites proposant l’analyse de votre ADN afin de déterminer votre origine. Dans un premier temps, l’auteur nous explique l’offre proposée. Il y a deux types de test : l’un basé sur votre branche paternelle et l’autre sur la branche maternelle (mitochondrial) ; les deux ne sont qu’agnatique. Quel est l'intérêt, ces tests ne donnent pas de noms, lieux ou métiers permettant de compléter votre généalogie ! Néanmoins, ils permettent de définir votre halogroupe, à savoir un pourcentage de vos origines génétiques, et de ce fait un territoire géographique  avec sa migration. Egalement, le test mitochondrial aboutit à retrouver la trace de l’une de vos ancêtres qui vivait au paléolithique. Enfin, cela peut vous permettre si vous acceptez de rentrer dans une base de données de découvrir un cousin génétique.

Est-ce sérieux ? Oui, selon l’auteur, qui retrace l’historique des lois de l’hérédité et la genèse de la généalogie génétique (Cavalli-Sforza et Sykes). Cependant, il reste des incertitudes (le test mitochondrial est encore imprécis) et des questions éthiques (les sites mélangent ADN et médecine, quid des bases de données et de leur utilisation). La législation française ne permet pas  ce type d’analyse au contraire d’autres pays (USA, Suisse, Espagne) ; elle s’avère donc dépassée. Guillaume de Morant dit son septicisme au début de son investigation et son adhésion ensuite à cette jeune discipline qui permettra selon lui d’ouvrir d’autres perspectives pour les généalogistes. Un guide clair et didactique.

Retrouver ses ancêtres par l’ADN, Guillaume de Morant, éditions Autrement, avril 2009, 10 €.

Naissance Web et questions généalogiques des blogs

Par quoi a donc été agitée la blogosphère généalogique ces dernières semaines ? Par une naissance très attendue, encore fragile sur le plan technique, mais tellement appréciée, celle du site Internet des archives des Landes, annoncée en avant-première par GénéInfos et rendons-lui grâce ici, deux jours avant, par Net Généalogie, le forum de la Généalogie entre amis (que nous ne connaissions pas). Pour vous montrer à quel point le tam-tam joue son rôle, suivez un peu le chemin pris par cette information : elle a été reprise par GénéAnnuaire, par le blog de Gilles Dubois dans ses Carnets Web de Généalogie, par le blog de Quinette, ou encore sur GeneoWeb, la généalogie en pays basque. Une information relayée, certes, mais celui qui lui a donné une réelle plus-value est le Blog généalogie qui met en ligne un véritable mode d'emploi, pas à pas et en images de ce nouveau site. Il faut dire que le blog de GeneaNet n'en est pas à son coup d'essai et dispose de ce genre de mode d'emploi pour 27 départements sur les 40 dont l'état civil est actuellement en ligne.

Du côté de chez FranceGenWeb, la saga Google Livres suit son cours avec l'ouverture du 4e billet-opus de réflexion sur les enjeux et l'avenir de la généalogie. Avec sa démarche hégémonique de numérisation massive de documents anciens et même récents, le géant américain des moteurs de recherche ne laisse pas d'inquiéter des généalogistes sur ses réelles intentions. Les bibliothécaires du Québec lancent même un appel à la rébellion ! Dans le même esprit, la toujours très active association FranceGenWeb continue à animer le débat avec l'expression "généalogie libre". Il s'agit là d'un vrai problème, celui de la confusion des genres et du choc des cultures : les anglosaxons ne donnent pas la même signification que nous à un contenu libre de droit, généalogique ou non...

Les avis de la CADA mécontentent les généalogistes successoraux

En recours à un refus de communication, tout généalogiste peut avoir un jour besoin de la CADA, la Commission d'accès aux documents administratifs. Celle-ci justement vient de rendre un avis qui met en ébullition les généalogistes professionnels. Elle ne les autorise pas à demander copie des listes électorales aux mairies, pour le motif qu'il s'agit d'une utilisation professionnelle. Comprenez bien : un chercheur d'ancêtre amateur, pour peu qu'il justifie de sa qualité d'électeur n'importe ou en France peut demander à consulter les listes électorales de n'importe quel bureau du pays. C'est la loi (article L.28 et article R 16 du code électoral), même si peu d'entre nous la connaissent. Mais si un généalogiste successoral, même mandaté par un notaire ou un héritier pour retrouver d'autres héritiers demande à consulter ces mêmes listes, ce n'est pas possible. Dommage pour les héritiers qui ne seront peut-être pas retrouvés...

Sur le principe, cette volonté de protéger la vie privée des gens est après tout louable, mais il semble qu'il y ait deux poids deux mesures. Pourquoi par exemple les agences immobilières auraient elles le droit de copier les matrices cadastrales par extrait ? Et ne nous cachons pas le petit doigt, pourquoi un généalogiste successoral, plutôt que dire quel est son métier, ne ferait-il pas valoir sa simple qualité d'électeur pour obtenir l'information dont il a besoin ? C'est pour éviter ce genre d'amalgame que l'Union des syndicats des généalogistes professionnels (dont le nouveau président nommé la semaine dernière est Gérard Dusséaux, directeur général de Coutot-Roehrig) a décidé de réagir et réfléchit actuellement à une action juridique. Et pour les généalogistes amateurs, un prochain article dans La Revue Française de Généalogie fera le point sur les nombreuses questions soulevées par la CADA dans ses avis et conseils.

Image : Conseil Général de l'Isère.