GénéInfos

Un survivant de la Grande Guerre non reconnu ?

Le quotidien Le Monde consacre plusieurs articles, dans son édition du week-end, aux deux derniers poilus, témoins de la Grande Guerre : Louis de Cazenave, "issu d’une famille de vieille noblesse provinciale acculée à la ruine", et Lazare Ponticelli, "immigré italien débarqué en région parisienne la faim au ventre, avant de faire fortune".

On y apprend, sous la plume de Benoît Hopquin, qu’un troisième survivant n'est pas comptabilisé dans la liste officielle. Engagé volontaire en août 1918, Raymond Cambefort était encore en formation au moment de l’Armistice. Sa participation à la campagne contre l'Allemagne d'août 1918 à novembre 1919 ne lui permet pas de figurer dans les fichiers. La législation française considère qu'il faut avoir effectué trois mois dans une unité au front alors qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis, il suffit d’avoir été mobilisé, même à l’arrière.

C’est l’une des explications avancées au nombre plus important de vétérans dans ces deux pays. D'après les chiffres établis par Frédérix Mathieu sur son site Internet Ders des ders et rapportés par le journaliste, ils restent quatorze rescapés de ce conflit dans lequel 1,35 millions de soldats français trouvèrent la mort et 3,5 millions furent blessés.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les soldats de la Grande Guerre, Fabrice Patry recense une dizaine de sites Internet dans le numéro d'octobre-novembre 2007 de La Revue française de Généalogie et d'Histoire des familles. Au premier rang desquels on compte l'incontournable Mémoire des hommes, qui héberge la base des données des soldats qui sont morts au combat durant la Première Guerre mondiale.

Les pilleurs de mémoire sur TF1

Le magazine "7 à 8", diffusé ce dimanche soir à 18h50 sur TF1, consacre un de ses reportages aux "pilleurs de mémoire". A l'occasion de la commémoration de l'armistice de la Première Guerre mondiale, les deux journalistes, Bénédicte Delfaut et David Geoffrion, s'intéressent à un curieux phénomène, dont nous vous avions déjà parlé : munis de pioches et de détecteurs de métaux, des "chercheurs" déterrent les souvenirs de la bataille de Verdun. Voici la présentation du reportage :

En quatre ans, la Première Guerre mondiale, la « grande guerre » aura fait huit millions de morts et ce que l’on sait moins, des centaines de milliers de disparus. Quatre vingt dix ans plus tard, notamment à Verdun, le champ de bataille rend encore les restes de soldats français ou allemands, écossais ou américains… Une quinzaine sont ainsi retrouvés chaque année. Certains sont rendus à leur famille et inhumés avec les honneurs militaires. Mais, pour cela, il faut retrouver des indices. Médailles, plaques d’identités, chaussures, pour permettre une identification. Malheureusement, ces objets sont souvent volés par des collectionneurs indélicats, qui procèdent à des fouilles illégales sur les lieux des combats pour en faire ensuite commerce sur Internet. Des pilleurs de tombes qui ne dépouillent pas seulement des cadavres mais volent aussi la mémoire de ces poilus, transformant du même coup ces héros ordinaires en soldats inconnus…

Pour les chercheurs, amateurs de ces objets de mémoire (sans aller jusqu'à les déterrer du champ de bataille), les éditions Ouest-France réédite un magnifique ouvrage, bien illustré, sur les Mémoires d'objets, histoires d'hommes. 1914-1918". Son auteur, François Bertin, a sélectionné et photographié, dans plusieurs grands musées nationaux et auprès de collectionneurs privés, les objets les plus évocateurs et souvent les plus émouvants de cette période dramatique de notre histoire.

(c) TF1 / Chevalin

Stèles et bases de données à la mémoire des Juifs déportés

Fin octobre, Charles Tremil et la mairie de Paris ont installé, en présence de quelques centaines de personnes, une plaque pour honorer la mémoire de 85 enfants juifs, du III^e arrondissement de Paris, morts en déportation. Cette stèle, dernière de l'arrondissement, marque l'aboutissement d'un travail entamé en 2000.

Elle porte les noms, prénoms et âges des disparus. Charlotte Rotman, journaliste à Libération, revient sur le travail minutieux de cet homme, président de l'association Histoire et mémoire du III^e, pour retrouver les 559 enfants de l'arrondissement (sachant que 11.400 enfants juifs ont été déportés) :

Charles Tremil a épluché la liste mise au point par Serge Klarsfeld, mémorial de papier publié en 1994. Il a compulsé les registres des écoles et lycées, croisé avec les fiches d’état civil de la mairie, et même avec les certificats d’études conservés par les archives. A l’école de la rue de Montmorency, Charles a trouvé un double registre caché dont les noms ne correspondaient pas au registre officiel. "Beaucoup ont été sauvés par des directeurs d’école."

Autre acteur de cette mémoire, le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) a œuvré à la constitution de la liste des victimes de la Shoah en France en s’appuyant principalement sur les documents originaux établies au départ des convois de déportation à Drancy. Lacunaires et en mauvais état, ils ont été complétés ponctuellement à l'aide des formulaires de demande d'inscription envoyés par les familles (près de 18.000).
On peut aussi interroger la base de données, disponible sur le site du Mémorial de la Shoah (prolongement du CDJC), pour rechercher des résistants juifs ou des Justes. Elle contient en effet d’autres sources telles que le registre des Juifs résistants membres des réseaux de l'Organisation juive de combat ou le registre des Justes de France.

Signalons pour finir, une initiative parmi d'autres : celle de l'Association pour la mémoire des enfants juifs déportés des Alpes-Maritimes qui dispose d'un index photographique sur son site Internet.

Des ancêtres gravés dans la pierre

Que veulent bien dire ces inscriptions gravées dans la pierre au-dessus de la porte d'entrée ?  Ces linteaux, assez courant en Bretagne et dans le pays Basque, mais aussi dans le Massif Central et en Alsace (où souvent il s'agit plutôt de poteaux corniers qui marquent l'angle de la maisons de bois), signalent la présence d'anciens propriétaires.

Dans un récent numéro de La Revue française de Généalogie, Geneviève Roy rapportait l'expérience de Marcel Monnier, généalogiste et collectionneur de linteaux ou plutôt de clichés de linteaux :

Cet informaticien retraité gère un site Internet (Linteaux-de-france.com), consacré aux objets architecturaux datés et signés, qui recense près de 7.600 objets dans 2.002 communes de France. (...) Ces objets créés du vivant de leurs propriétaires permettent de connaître ces gens du passé (leurs noms, leur époque, parfois un écusson, des initiales...) mais aussi de croiser les généalogies.

De son côté, l'association Aprogemere relaie l'appel des Archives départementales du Cantal en invitant ses adhérents, mais également les internautes de passage sur son site Web, à photographier les spécimens disponibles dans le département pour compléter la phototèque des Archives et ainsi conserver une mémoire originale des ancêtres.

Plus de 1.000 volontaires pour dépouiller au-delà de l'état civil

La période était propice pour prendre une initiative. Aujourd'hui, les registres paroissiaux et d'état civil numérisés sont de plus en plus accessibles via Internet. Les cercles généalogiques arrivent au terme du travail colossal de dépouillement et de relevé des actes... à tel point que ces "chères" bases de données aiguisent l'appétit des professionnels du secteur.

GeneaNet a choisi cette période pour se tourner vers d'autres fonds d'archives, au-delà de l'état civil (pour reprendre l'intitulé du projet), qui nous en apprennent plus sur la vie de nos ancêtres, leur niveau social ou leur mode de vie : archives notariales, judiciaires, dispenses de consanguinité, fonds d'érudits, etc. Pour inventorier, numériser et dépouiller ces précieux documents (parfois négligés par les généalogistes), cette société a lancé un appel aux volontaires il y a une dizaine de jours. A ce jour, plus de 1.000 internautes se sont déclarés partants en complétant un formulaire.

Le défi est immense, mais le principe est simple. Chacun participe à son rythme et souvent en fonction de ses propres recherches : les uns effectuent une série de clichés, tandis que les autres assurent leur dépouillement, de chez eux. Souvent sur des micro-régions. Parmi les volontaires, on retrouve même des internautes du Canada, de Virginie et de d'autres régions du globe. En cela, GeneaNet s'inspire d'expériences, menées depuis quelques années, qui ont fait leurs preuves. C'est le cas d'associations virtuelles (ou réelles) comme Marne-Archive ou de services d'archives comme celui de Rennes ou de la Mayenne, engagés dans l'indexation coopérative. Ils ont su ainsi s'adapter à un nouveau type d'engagement des généalogistes internautes.

Sept départements mènent déjà l'expérience. GeneaNet assure un soutien logistique en favorisant l'émergence de coordinateurs locaux et de petites équipes et en prêtant du matériel (appareil photo, ordinateur portable, logiciel, etc). A terme, les Archives départementales recevront une copie de ces documents numérisés et les relevés seront disponibles sur le site de GeneaNet, qui enrichit ainsi son offre... et sa fréquentation.

Un avis de décès mondial et éternel

Pour mener à bien une recherche généalogique, le faire-part de naissance, de mariage ou de décès se révèle un allié indéniable grâce à son enfilade de parentés inscrites parfois sur plusieurs pages. Vous en trouverez sûrement en série J aux Archives départementales ou encore sous la côte V.7E aux Archives de Paris.

La Bibliothèque généalogique possède également un magnifique fonds de 400.000 exemplaires, numérisé par le cabinet Couthot-Roehrig et GeneaNet. Cette collection est disponible dans les collections de ce site Internet. Sur un faire-part de décès, vous pouvez notamment trouver les noms, prénoms, date et lieu de décès référencés.

Mais le papier a peut-être vécu. Dans ce domaine, les prochaines générations, curieuses de retrouver leurs ancêtres, pourront directement mener leurs recherches sur des sites Web spécialisés. Pointant les limites des faire-part et des avis dans la presse quotidienne régionale, Jacques Geeraerts a ouvert en mai 2007 son site Avis-de-deces.net qui a pour vocation à devenir "la premier répertoire national des décès" et "un lieu d’échange et d’interactivité entre les proches du défunt".

Démarche identique pour Frédéric Frontali qui a récemment inauguré Net-obseques.com, "premier site mondial d’avis d’obsèques. Ce mausolée virtuel, mondial et éternel (rien que ça !) offre une recherche et une consultation gratuites. "Un argument qui ne manquera pas d’intéresser les millions d’adeptes de généalogie", assure le jeune entrepreneur.