GénéInfos

L'histoire et moi sur France Inter

Chaque été, Sandrine Mercier donne la parole à des anonymes qui, à travers des évocations personnelles et des témoignages familiaux, éclairent des évènements historiques. L'émission L'histoire et moi, diffusée tous les samedis de juillet et août de 17h à 18h, vit ainsi sa quatrième saison sur les ondes de France Inter.

Beaucoup d'histoires tournent autour des deux guerres mondiales. "Il existe beaucoup d'interrogations par rapport aux absences : quand les gens sont revenus, ils n'ont pas forcément parlé de ce qu'ils ont vécu sur place. Les enfants s'interrogent alors", souligne l'animatrice. Ce sera encore le cas dans les deux dernières émissions où les auditeurs découvriront John, un soldat américain en 1944 (le 23 août) et la guerre dans les tranchées (le 30 août). Pour en arriver là, les témoins ont parfois réalisé leur généalogie avant de s'arrêter sur un ancêtre ou une période précise.

"On ne cherche pas à savoir ce qui s'est réellement passé. On est dans l'histoire transmise et reconstruite", précise Sandrine Mercier. A chaque émission, un historien donne une série de repères pour cadrer le propos. Prochains thèmes à découvrir cette saison : vivre dans un appartement bourgeois au XIXe siècle et les pogroms en Ukraine au début du XXe siècle (le 16 août); de l'administration coloniale à la coopération (le 23 août); les rituels du mariage au XXe siècle.

Une émission à écouter ou réécouter sur le site Internet de France Inter : www.franceinter.com

Application chaotique de la nouvelle loi sur les archives

"J'ai contacté la mairie pour avoir un acte de naissance de 1924, mais l'agent a refusé de me le délivrer, le délai étant inférieur à 100 ans. Il transmet ma demande au procureur. La loi sur les archives et le délai de 75 ans sont-ils applicables dès maintenant ?" Les témoignages comme celui-ci se multiplient. Depuis l'adoption de la nouvelle loi sur les archives début juillet et sa parution au Journal officiel le 16 du même mois (que nous vous annoncions dans une précédente note), les généalogistes et les archivistes tergiversent sur son application : le blog de GeneaNet a, par exemple, publié deux notes à ce sujet (les 18 et 25 juillet) et une kyrielle de commentaires, où chacun y va de son interprétation... envisageant même une mise en oeuvre début 2009, dans l'attente de décrets d'application.

Du côté de la direction des Archives de France, aucune ambiguïté. Martine de Boisdeffre a diffusé fin juillet un message dans le réseau des archives publiques précisant que "sont d'application immédiate les dispositions qui n'appellent pas l'intervention de décrets en Conseil d'état, et notamment celles relatives aux délais de communicabilité [sept décrets sont prévus dans la loi]". Toutefois, les services fonctionnant en effectif réduit en cette période estivale, la mise en oeuvre de ces nouvelles dispositions se révèle aléatoire.
"Pendant cette période transitoire, si vous estimez qu'il existe une inadéquation entre l'énoncé des nouveaux délais et leur application concrète, je vous invite à remplir le formulaire de "demande de vérification". [...] La vérification de la communicabilité sera traitée en priorité", assure Isabelle Neuschwander, la directrice des Archives nationales, dans un message adressé aux lecteurs. La direction des Archives de France a déjà programmé une réunion a la mi-septembre "pour une explication de texte, afin de concilier les aspects juridiques et matériels, dans le respect de l'esprit de la lettre".

La situation dans les mairies n'est pas simple non plus : même si "nul n'est censé ignorer la loi" selon le célèbre adage, l'information arrive au compte-gouttes dans les services d'archives ou d'état civil. Les agents ne sont pas forcément au fait des nouvelles dispositions. Dès lors, la directrice des Archives de France appelle les chercheurs à "faire preuve de compréhension dans la période d'adaptation indispensable qui s'ouvre. [...] Leurs interrogations seront prises en compte et traitées le plus rapidement possible". Encore un peu de patience...

Bilbio d'été : Modes et maillots de bain racontent le début du XXe siècle

Roland André nous présente d’une manière originale la naissance du XX^e siècle. Pour son ouvrage intitulé "Modes et maillots de bain", il a choisi le prisme de la mode vestimentaire pour nous raconter la société de cette époque, entre la fin du XIX^e siècle et les Années folles.

L'auteur évoque, dans son introduction, la Belle époque (1871-1914), expression inventée par des journalistes après la Grande Guerre pour enjoliver cette période, pas si belle que cela puisque l’horizon social était limité pour la plupart. De l’après-guerre naît une nouvelle société malgré une instabilité sociale. Une certaine libéralisation des mœurs s’installe.
Roland André, cartophile féru, rappelle l’histoire de la photographie qui a permis de révéler les inégalités sociales et établit ainsi un parallèle entre l’histoire de nos sociétés et la mode vestimentaire. Il aborde en quatre chapitres la mode féminine (corsets, accessoires, gants, dentelle, chapeaux…), la mode masculine (jean, pantalons, chemises, cravates, manteaux…), le mariage et les modes pour enfants, et les bains de mer et maillots de bain. Dans chacun de ses articles, il relate l’histoire du vêtement traité.

Au final, un ouvrage agréable à lire, assez bien documenté au vu du texte, et évidemment très bien illustré. Certaines images sont bien sûr désuètes, mais elles révèlent bien les barrières sociales. Il faudra attendre le Front populaire et les congés payés pour que le « petit peuple » puisse également profiter des bienfaits de la mer et du soleil. Cet ouvrage mérite sans doute des études approfondies sur la mode, reflet de notre société à toute époque.

Modes et maillots de bain, Roland André, Editions Alan Sutton, 2006, 192 pages, 24 €.

Les morts de la rue donnent une identité aux SDF décédés

Pour un SDF, mieux vaut mourir en hiver qu'en été. Sous ce titre provocateur, Luc Bronner revient, dans l'édition du Monde datée de ce mardi 12 août 2008, sur le décès d'Aurélien L., "galérien" de 30 ans, décédé le 16 juillet dernier à Paris, en tombant accidentellement dans le canal Saint-Martin, "probablement après avoir consommé de l'alcool". Le journaliste souligne l'anonymat dans lequel cet Ariégeois est mort au coeur de l'été :

Aurélien L. n'est pas mort à la bonne saison. En décembre ou en janvier, le décès d'un SDF est un sujet d'actualité - une brève pour commencer, un papier ensuite si le nombre de morts atteint une "masse critique" suffisante. En juillet ou au mois d'août, non. Ainsi va la vie médiatique, guidée par une jurisprudence implicite qui donne de l'importance à tel ou tel fait en fonction de la saison.

Le jeune homme a été enterré dans un cimetière de la banlieue parisienne le 25 juillet, en présence de sa famille, de travailleurs sociaux et de "compagnons" de la rue. D'autres mourront sans identité et sans cortège. Luc Bronnet rappelle l'action de l'association Les morts de la rue qui estime que "aucune personne de la rue ne doit être oubliée une deuxième fois dans la mort". Elle publie sur son site Internet un relevé des SDF décédés (comme d'autres font des relevés d'ancêtres) avec leurs nom et prénom, leur âge et leur lieu de naissance, lorsque ces informations sont connues. Sinon l'inscription "un homme" ou "une femme", au mieux un surnom, est indiquée. Depuis le début de l'année, l'association a recensé 136 décès.

Avec la ville de Paris, Les morts de la rue assurent aussi des funérailles citoyennes pour les morts isolés. Elles concernent les personnes de la rue décédées, mais également tous les morts abandonnés, qu’ils soient de la rue ou pas. La liste des inhumations réalisées depuis 2004 est disponible sur le site Internet de Paris. Ces défunts sont généralement enterrés au cimetière parisien de Thiais, surnommé le "cimetière des pauvres" : on y trouve les seules "tranchées gratuites" de Paris (104^e et 105^e divisions). Là, les corps sont alignés côte à côte, pour un temps provisoire, dans un quasi-anonymat.

Le séjour des Gagnon au Québec (3e et dernière partie)

Nous avions laissé, fin juillet, les Gagnon de France, en visite chez leurs cousins québécois, en Sanguenay (cliquez ici pour lire la précédente note). Pour cette troisième et dernière note, Francis Gagnon et Sylvain Gaignon nous donnent un large écho de leur étape à Montréal.

L’arrivée à Montréal fut le départ de nouvelles réjouissances. La prise en charge par les familles d’accueil fut d’autant plus facile que certains se connaissaient déjà bien (seize ans d’échanges entre les deux associations des Gagnon ont laissé de bonnes traces). Le groupe des Gagnon de France éclata donc à nouveau pour découvrir de nouveaux "intérieurs" avec toutes les particularités et les différences que cela apporte. L’occasion d’échanger de nombreuses informations, des recettes de cuisine au prix du carburant, du jardinage aux taxes et au prix de l’eau... Avec les rires, surprises et découvertes de circonstance.

Ce périple de quatre jours fut ponctué de retrouvailles lors de manifestations organisées par Marie-Angèle Gagnon (présidente de 2002 à 2004) : visite du "village québécois d’Antan" à Drummondville, invitation particulière à l’église avec concert d’orgues, sans oublier la soirée festive chez Marie-Angèle et Jacques, avec musiques, chants, rires, discussions, allocutions, repas familial bien arrosé, pour finir avec un superbe gâteau à l’effigie du blason des Gagnon du Québec. Les Gagnon des deux rives ont fait le plein d’amour et d’amitié... comme de vrais cousins. Chaque fois, l’occasion était donné d’avoir une pensée pour Emile, président des Gagnon de France, organisateur du côté français, mais malheureusement absent pour raisons de santé.
Pour terminer, je citerai ces paroles d’une charmante Québécoise, exprimées le jour du départ : "Aidez nous à défendre notre belle langue française ; ne nous oubliez pas, on compte sur vous !"

Photos : La rencontre des Gagnon de France (à gauche) et des Gagnon du Québec (droite) est l'oeuvre de Jean-Paul Gagnon (en haut), l'un des plus brillants chercheurs de la famille.

La généalogie est encore plus vivante lorsqu'elle se concrétise par un rassemblement familial, communément baptisé "cousinade", et encore plus par un voyage outre-Atlantique à la rencontre de cousins pas si étrangers, comme les Gagnon ont pu le vivre au coeur de cet été 2008.

Détournement généalogique des sites communautaires

Les sites communautaires, tels que Facebook ou Copains d'avant, pour ne citer que ceux-là, font de plus en plus d'adeptes. Selon, l'Observatoire des usages Internet, initié par l'institut Médiamétrie, 5,2 millions d'internautes sont inscrits à au moins un de ces sites (soit une progression de 14 % sur le dernier trimestre). Le principe est simple : il suffit de s'inscrire et de donner quelques détails sur son profil pour se créer un réseau.
Cette activité plutôt jeune (un tiers des inscrits est âgé de 15 à 24 ans) et masculine (les hommes représentent plus de six inscrits sur dix) répond à une variété de motivations : selon Médiamétrie, les connectés recherchent avant tout des bons plans (concerts, expositions ou soirées) ; d'autres espèrent retrouver un copain de classe, un ami perdu, une ancienne petite amie ; enfin, au troisième rang des motivations, on retrouve le souhait partager une passion ou un centre d'intérêt.

Biblio d'été : Ces Dames que la Loire a vu passer

Voilà un ouvrage original qui conte l’histoire de cent trois femmes originaires des régions bordants la Loire. Les rives de ce fleuve ont été pendant des siècles la capitale de nos rois, d’où sa richesse (châteaux, manoirs, culture…). Ainsi, Odile Métais-Thoreau dresse le portrait de quelques femmes du V^e siècle à nos jours. L’auteur prend l’option d’un découpage régional (et chronologique pour chaque région) et explique que la Loire moyenne peut sembler privilégiée, car elle a profité du rayonnement de la Renaissance par l’intermédiaire de la cour des Valois (entre Blois et Tours).
Nous plongeons dans l’histoire de ces pirates (Jeanne de Clisson, Julienne David)), poétesses (la princesse Salm Dick), saintes (Bernadette Soubirous, Monégonde), muses (Julie Bouchaud de Herettes dite "Elvire", Françoise Babou de la Bourdaisière), reines (Claude de France, Anne d’Autriche) ou princesses (Marie de Clèves), bâtisseuses (Catherine Briçonnet, Philippe Berthelot), missionnaires (Marie Guyart dite Bienheureuse Marie de l’Incarnation), écrivaines (la duchesse de Duras, Elisa Mercoeur), aviatrices (Maryse Roche, Jacqueline Auriol), artistes (Hortense Tanvet),etc. Certaines sont prestigieuses, d’autres admirées ou méconnues.
Une bonne bibliographie clôt l’ouvrage, qui se lit comme un roman grâce à une écriture claire et aérée. Le livre commence par la citation de Jean Rostand "Le féminin est le sexe fort de la nature". Et force de constater après la lecture de ces destins féminins, la pertinence de ce propos.

Ces Dames que la Loire a vu passer, Odile Méthais-Thoreau, éditions du Petit Pavé, 2005, 261 pages, 25 €

Nous descendons tous d'un roi et d'un pendu...

Voici le généa-clin-d'œil de l'été : le Premier ministre australien descend d'une petite voleuse de Londres ! Voilà de quoi revisiter la célèbre maxime de Jean de La Bruyère selon laquelle nous descendons tous d'un roi et d'un pendu (1). Kevin Rudd, très respectable chef du gouvernement australien serait un lointain descendant d'une jeune fille condamnée à mort à Londres en 1789.

Bigre, les lois étaient quand même sévères en Angleterre en cette fin du XVIIIe siècle ! Pour avoir volé une robe, à l'âge de 12 ans, Mary Wade, enfant des rues, fut traduite en justice et condamnée à la peine capitale. Fort heureusement pour l'Australie de 2008, la petite Mary ne fut pas pendue, mais finalement déportée au pays des kangourous où elle s'établit et eut visiblement une descendance. Un pays où les généalogistes s'activent pour retrouver leur premier ancêtre arrivé dans la colonie britannique.

Nous avons donc une pendue. Reste le roi. Aux dernières nouvelles, les généalogistes australiens chercheraient à relier l'arbre de Kevin Rudd à celui de la reine Elisabeth (qui est également reine d'Australie), ou à tout autre souverain en exercice ou non. Sans succès.

(1) A propos de citations à caractère généalogique, n'oubliez pas de visiter les pages de GeneaWiki  dédiées à ce sujet.

Image Adam Carr, Wikipedia : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/b/b2/Rudd4.JPG.

Biblio d'été : Les enjeux de la généalogie de sa naissance au Moyen Âge

La généalogie est un loisir à la mode dans notre pays ; nous pouvons même parler d’engouement. Les associations fleurissent tout comme les sites internet. Ce « passe-temps » (qui en demande beaucoup de temps justement !) a amené une foule d’amateurs. Et c’est à cette catégorie que s’adresse cette notice : quand et pourquoi a-t-on commencé à écrire des généalogies dans la France d’avant la Révolution ?

L'ouvrage de Germain Butaud et Valérie Piétri propose un regard d’historien sur les généalogies anciennes et leurs auteurs à travers l’étude de documents originaux. Ces deux maîtres de conférences en histoire relatent justement cette histoire depuis sa naissance au Moyen Âge.
A partir d’un plan très structuré, ils abordent la généalogie dans son intégralité. Dans un premier temps, ils parlent de l’évolution, de la mémoire familiale (orale tout d’abord) aux généalogies imprimées (des recueils aux nobiliaires). Puis ils analysent le rôle de la généalogie dans l’histoire (les digressions par exemple). Ensuite, ils abordent le rôle et les usages de la généalogie : arme politique (légitimer une lignée, revendiquer un pouvoir), défendre son statut, prouver sa noblesse, les pratiques juridiques (mariage et consanguinité, successions…).
Un chapitre est également consacré au profils de généalogistes : maisons religieuses, généalogistes du roi, amateurs. De ce fait, les auteurs décrivent le travail généalogique (sources, armoiries, réalisation du projet, partis pris et omissions). Enfin, ils finissent leur ouvrage sur les fables généalogiques et les falsifications, révélatrices de l’enjeu des origines. Un glossaire, une bibliographie et un index complètent cette excellente étude, qui incite à réfléchir sur notre propre motivation à réaliser notre généalogie.

Les enjeux de la généalogie XII^e-XVII^e siècle. Pouvoir et identité de Germain Butaud et Valérie Piétri, éditions Autrement, 2006, 299 pages, 20 €.

Biblio d'été : Parlez-vous québécois ?

Le Québec est à la une cette année pour le 400^e anniversaire de la création de la ville du même nom. Quoi de plus normal alors, pour une lecture d'été, de se plonger dans son histoire et en particulier dans sa langue.
En effet, les Québécois ont défendu avec vigueur leur spécificité linguistique (comme le rappelle l’introduction de l'ouvrage de Claire Armange) face à l’ogre anglophone ! Leur langue, panaché de mots de l’ancien français (avec leur prononciation) et d’apports nouveaux, a su résister et est devenue l’emblême de cette région. Ce petit dictionnaire insolite permet de jouer avec les mots et de découvrir moult expressions savoureuses, anciennes ou modernes. Des commentaires font mieux connaître les similitudes et les différences entre les langues de ces "cousins" des deux rives de l’Atlantique. L’éditeur précise que ce glossaire est loin dêtre exhaustif et a plutôt vocation de témoigner de la vigueur et de l’inventivité de cette langue.
J’ai pris plaisir à parcourir ces pages et à apprendre ce langage imagé : aboyer à la lune, avoir de la broue dans le toupet, avoir de l’eau dans la cave, avoir du front tout le tour de la tête, lâcher un wack, mouiller à boire debout, péter sa coche, mettre la musique dans le prélart, boucaner sans arrêt, et autres. Ce qui interpelle c’est le sens de ces expressions : elles ont gardé l’étymologie première du vocabulaire français, et donc nous devrions les comprendre tout de suite ; mais notre langue française a évolué et a changé le sens de beaucoup de nos mots. Un dictionnaire rafraichissant et hilarant ; bonne leçon de résistance à l’anglais, au contraire de notre langue.

Parlez-vous québécois ?, Claire Armange, éditions D’Orbestier, 2007, 166 pages, 9,50 €